Plusieurs milliers de capteurs surveillent en temps réel les bâtiments autour du tracé de la future Ligne C. Tisséo affirme anticiper et limiter les risques liés au creusement du tunnel, avec un suivi constant des éventuelles fissures.
Façades fissurées, fenêtres qui ne ferment plus, portail hors service. Début avril 2025, les habitants de la rue Louis Masse, face au chantier de la station Bonnefoy, ont subi les affres du chantier de la ligne C. Tisséo Ingénierie a accueilli les riverains, puis la presse pour présenter les différents systèmes d’alerte sur le chantier.
Sécurité pensée dès la conception
Avant même le lancement du chantier, le maître d’œuvre Systra, missionné par Tisséo, a délimité une Zone d’Influence Géotechnique (ZIG) : une bande de 50 mètres de large autour du tunnel où les bâtiments peuvent être sensibles aux travaux.
Tous les immeubles concernés ont fait l’objet d’un diagnostic structurel complet, appuyé par plus de 700 forages géotechniques, soit 15 km de prélèvements analysés, affirme Tisséo.

« Ce travail a permis d’adapter la profondeur du tunnel et les méthodes de creusement à chaque situation locale, tout en fixant des seuils de vigilance et d’alerte », appuie le directeur général de Tisséo Ingénierie, Jean-François Lacroux.
Capteurs, monitoring et actions immédiates
Des capteurs automatisés ont été installés sur les bâtiments – théodolites, prismes, fissuromètres, tiltmètres – pour surveiller en continu tout mouvement. En parallèle, des visites d’huissiers permettent de documenter l’état initial des bâtis.

« Les seuils d’alerte, ça arrive tout le temps », explique Marc Chojnacki, directeur de travaux chez Systra. « Trois maisons mitoyennes ont présenté quelques fissures. On les suit de près avec un équipement complémentaire d’auscultation. Depuis la semaine dernière, aucun mouvement supplémentaire n’a été constaté. »
Il insiste : « On ne sent pas les vibrations du tunnelier. On travaille dans de la roche tendre, la molasse, contrairement au calcaire du Grand Paris par exemple. »

Adaptation en temps réel
Pour ajuster en permanence les opérations, le chantier est aussi surveillé acoustiquement à l’aide de vibromètres et de géophones. Cela permet de contrôler les niveaux de bruit et les vibrations, notamment près des installations sensibles comme la SNCF.

« Un seuil d’alerte a été franchi sur un bâtiment, confirme Jean-Jacques Laporte, directeur de projet Ligne C chez Tisséo Ingénierie. On a ajusté la pression du tunnelier pour soulager la structure. Il ne s’agissait que de fissures esthétiques, sans risque structurel. Si un seuil critique est atteint, on remonte le tunnelier pour éviter toute surcharge sur les maisons situées plus loin. »
Des incidents détectés et corrigés
Sur un autre segment, au niveau du bois de Limayrac, un léger mouvement de terrain a été observé, immédiatement pris en compte. « Le tunnelier peut compenser ces petits mouvements, en modulant son avancée selon la nature du sol et la fragilité du bâti », précise Jean-Jacques Laporte.
Une surveillance permanente pour rassurer les riverains
Avec plusieurs milliers de capteurs déployés sur 27 km, la surveillance du bâti reste la priorité de Tisséo. En cas de signal anormal, des mesures sont immédiatement prises pour sécuriser et informer les habitants.
« Ce dispositif nous permet d’intervenir vite, comme entre la place Béteille et le faubourg Bonnefoy où de légères fissures ont été identifiées », souligne Marc Chojnacki. « Notre but est de garantir que les travaux se déroulent sans impact durable sur les constructions. »
Déjà 4,9 km creusés, comment suivre l’avancée des tunneliers en direct ?
Cinq tunneliers creusent actuellement, au rythme de 10 à 20 m par jour, les 21 km de tunnel de la future ligne C du métro. Vous pouvez les suivre en direct sur le site https://projetsmetro-tunnels-viaducs-tisseo.fr/. « Ils ont déjà creusé 4,9 km au total, explique Jean-Jacques Laporte, directeur du projet de la ligne C. Le plus avancé dans sa feuille de route est Marguerite de Catellan, qui est entré à la station Montaudran, a creusé jusqu’à la station Ormeau, et se trouve actuellement à la station suivante, Limayrac Cité de l’Espace. » Ce tunnelier a déjà creusé 2,8 km, sur les 4,2 km qu’il doit percer au total. Le tunnelier Marie-Thérèse de Villeneuve Arifat a creusé pour sa part 900 m, entre les stations Raisin et Bonnefoy. Il lui reste 3 km jusqu’au puits Saint-Sauveur, en passant par la gare Matabiau et François Verdier.