Face à la pénurie d’enseignants remplaçants, la maire de Pibrac (Haute-Garonne), a décidé d’enfiler l’écharpe tricolore et d’assurer les cours auprès d’élèves de CM1 le temps d’une matinée.
À 8 h 30 pétantes, la sonnerie retentit dans la cour de l’école élémentaire du Bois de la Barthe à Pibrac. Une nouvelle journée commence, comme un lundi ordinaire… Mais à l’heure de monter en classe, les élèves de CM1 découvrent que leur « maîtresse » du jour porte une écharpe tricolore. Quelque chose d’inhabituel semble se préparer, et cela se confirme rapidement. Durant un peu plus d’une heure et demie, c’est la maire de la ville, Denise Cortijo, qui va assurer le programme éducatif.
Dès le début, l’institutrice d’un jour se présente à ces enfants, dont certains n’ont jamais vu de maire de leur vie. « Vous n’avez pas de maîtresse depuis plus d’un mois, et j’ai décidé de faire la classe pour vous soutenir, et aussi soutenir vos enseignants », leur explique-t-elle.
Si Denise Cortijo a choisi de « remplacer » l’enseignante pour quelques heures, c’est avant tout pour tirer la sonnette d’alarme face à l’effondrement des effectifs de professeurs, et à des remplacements devenus impossibles, selon la maire, en raison de restrictions budgétaires.

Un geste à forte portée politique, dans un contexte de crise pour les enseignants. En 2024, plus de 3 000 postes d’enseignants n’ont pas été pourvus sur les quelque 27 589 qui étaient ouverts au niveau national. Idem pour les remplacements : près de 15 % des professeurs absents ne sont pas remplacés. C’est le cas à Pibrac depuis plus d’un mois. L’élue insiste : « Il est essentiel que nous prenions conscience de l’impact des choix financiers sur l’éducation des enfants. Nous devons leur garantir un avenir meilleur. »
Une dictée, puis un exercice d’orthographe
Rapidement, Denise Cortijo se prend au jeu. Après avoir procédé à l’appel, elle propose la dictée du jour. Quelques phrases recopiées par les apprentis citoyens, sur le thème de l’accès à l’éducation dans le monde. Les élèves découvrent, par exemple, les difficultés scolaires en Afghanistan. Là encore, un message clair de la part de l’élue : « Il faut susciter une prise de conscience et encourager des solutions durables pour le bien-être des élèves, des enseignants et de l’éducation publique. »
Les élèves, peu étonnés de cette remplaçante inhabituelle, se prêtent volontiers à l’exercice. Pour eux, la journée suit son cours, quel que soit l’adulte au tableau. Ils recopient le texte, puis corrigent les fautes d’orthographe ensemble. La maire prend sa mission au sérieux, passant dans les rangs pour surveiller le travail et le comportement des enfants. Ensuite, place à un exercice de conjugaison et d’orthographe, toujours sous son regard attentif.
Au-delà de pallier symboliquement l’absence prolongée d’une enseignante — absente depuis plus d’un mois — Denise Cortijo s’est improvisé professeure des écoles pour « mettre en lumière les défis rencontrés par notre système éducatif ». La première magistrate de Pibrac affirme qu’elle poursuivra son combat pour défendre l’école publique tant que les moyens alloués à l’éducation ne seront pas renforcés.