Le centre de rétention de Cornebarrieu est « pire que la prison » relaie l’association Cimade qui assiste les migrants irréguliers

Le rapport 2024 de la Cimade dépeint un tableau bien noir du centre de rétention de Cornebarrieu près de Toulouse. « On constate une utilisation de plus en plus disproportionnée de l’enfermement avec un degré d’inhumanité important », souligne Alban Damery, salarié de l’association qui vient en aide aux migrants irréguliers.

Pour une capacité de 126 places, le site toulousain aurait retenu 1 116 personnes l’année dernière. « On a eu un incendie dans l’un des secteurs du CRA qui nous a contraints à fermer des places », explique Alban Damery. Une situation qui a freiné le passage. « À cause de cela, il y a eu des allongements de rétention et donc moins de turnover », précise-t-il. Au total, 26 % des retenus à Cornebarrieu, soit 268 personnes, ont été expulsés. 70 % ont été libérés.

Un enfermement « pire qu’en prison »

43 % des interpellations sont des contrôles de police sur la voie publique. « Pour procéder à un contrôle, il faut une suspicion d’infraction, mais là il y a des abus », estime Alban Damery. La Cimade dénonce également une dégradation alarmante des conditions de vie : « Ils n’ont aucune activité, ne peuvent pas dormir et mangent mal. Beaucoup disent ‘c’est pire qu’en prison’ « , explique Valérie Schwoebel, bénévole. Le CRA de Toulouse n’accueille plus de femmes, des familles sont séparées, sans moyen de communiquer. « Ils n’ont pas le droit au téléphone ni à internet », précise-t-elle.

« On traite les sans papiers comme des criminels, c’est inhumain et révoltant », partage Cécile Puyo, accompagnatrice juridique au CRA. Un enfermement qui tend à devenir plus arbitraire encore à cause de la loi immigration de 2024. « Les conditions sont catastrophiques. Il n’y a ni chauffage, ni climatisation, et on n’a toujours pas de date pour les travaux », explique Sarah, salariée de la Cimade. Depuis début janvier, le CRA de Cornebarrieu enregistre 100 nouvelles entrées par mois. La moyenne de la durée d’enfermement continue d’augmenter, atteignant 31,5 jours.