Sous-effectifs critiques, surcharge : les agents pénitentiaires du SPIP alertent sur des conditions de travail dégradées. La surpopulation carcérale accentue la pression. Faut-il revoir notre modèle de réinsertion ?
Depuis les récentes attaques visant les agents pénitentiaires en France, l’ambiance et les conditions de travail sont au plus mal pour ces fonctionnaires d’État. Mardi 6 avril, les agents du Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) se sont mobilisés pour dénoncer un manque de reconnaissance pénalisant lourdement leur travail.
Tout est parti d’une méconnaissance de leurs missions au niveau national. « Nous ne sommes pas des animateurs de club Med » proteste Eve Fontaneau, Secrétaire Régionale pour la CGT IP. Ce qu’elle reproche à son ministre de la justice Gérald Darmanin, c’est le manque de considération et d’intérêt aux missions du SPIP.
Le SPIP est un service chargé de prévenir la récidive et de favoriser la réinsertion socioprofessionnelle des personnes condamnées. Que ce soit en milieu carcéral ou en milieu « ouvert », les CPIP accompagnent ces personnes tout au long de leur peine, et continuent à leur sortie.
La surpopulation dans les prisons aurait-elle un impact indirect sur la récidive ?
Avec un problème de surpopulation, le ministère de la justice débloque une partie du budget important à la construction de nouvelles places. Mais pour Adeline Cautrès Secrétaire Régionale du SNEPAP-FSU, c’est une fausse bonne idée : « La peine de prison, c’est une solution mais ce n’est pas LA solution. En construisant ces nouvelles prisons, on impacte et sacrifie le budget de 250 000 personnes condamnées pour 70 000 détenus.
Une peine courte peut entraîner la perte d’un emploi et l’inactivité en détention. Peut-on vraiment penser que cela favorise la réinsertion ? Nous sommes convaincues que non. En plus, assurer un suivi psychologique et utiliser des alternatives à l’incarcération coûterait bien moins cher » affirme-t-elle.
Elles dénoncent un manque de moyens
Aujourd’hui, le service est en sous-effectif. D’ordinaire 1 conseiller pour 60 personnes reconnues coupables selon les normes, ils sont pour le moment 1 pour 110. « Il manque environ 1 500 personnels dans notre service. Il manque de toutes les diverses professions qui font le suivi global d’un condamné » poursuit-elle. Se qualifiant elles-mêmes de « travailleuses à la chaîne », ces deux représentantes de syndicat demandent un regain d’intérêt pour leur travail, accompagné de moyens financiers et humains adaptés à leurs besoins.