Un homme de 28 ans a été condamné à deux ans de prison pour proxénétisme, après avoir participé à l’exploitation de mineures entre 2022 et 2023, à Toulouse. Sa compagne et associée, mineure au moment des faits, a déjà été jugée.
C’était la nuit de trop, la passe insoutenable. En octobre 2022, elle s’enfuit, pieds nus, s’enfonçant dans l’obscurité froide du début de l’automne. L’adolescente tourne le dos à un F1 miteux de l’Union, où les clients défilaient. Elle a 14 ans, se prostitue déjà. Elle interpelle une voiture. Le couple l’a fait monter à bord. Elle déballe tout : l’ASE, le foyer, l’argent. Devant les gendarmes, la jeune fille répète les mêmes mots. Elle parle de Sophia, à la tête du réseau, et de Nathan, son copain, son bras droit.
Cet homme à la peau caramel et aux cheveux ramenés en un chignon aussi petit qu’une balle de ping-pong comparaît devant le tribunal correctionnel de Toulouse, ce mercredi. Il est jugé pour avoir aidé à la prostitution de trois mineures, entre octobre 2022 et février 2023. Il y a deux ans, le prévenu a récupéré deux filles, de 14 et 16 ans, les a déposées dans un Airbnb, s’est occupé d’elles. Une longue enquête a permis son arrestation et celle de sa compagne, à la fin de l’année 2024. Pour ces faits, elle, 17 ans au moment de les commettre, a été condamnée par le tribunal pour enfants de Toulouse.
« Non, ça, c’était ma cousine… »
Le prévenu, déjà condamné pour proxénétisme par le passé, jure qu’il n’a rien à voir. « Je ne suis pas débile. Avant, je fonctionnais avec les locations de courte durée, pas par les hôtels. Je ne me serais pas affiché aussi facilement. Peut-être que pour vous ce n’est pas logique, mais pour moi ça l’est », lance-t-il au président.
Ce jeune homme de 28 ans explique qu’en octobre 2022, il ignorait que sa compagne faisait travailler des ados. « Ce soir-là, je l’ai juste prise en voiture. J’ai appris plus tard qu’elle était dans ça. Dès que j’ai su, j’ai tout fait pour la sortir de ce milieu. J’ai baigné dedans, je sais que c’est pourri. Je lui ai trouvé une formation, je l’emmenais à son boulot… », assure-t-il, droit dans son polo marron. Pour 2023, il raconte que les deux filles étaient sa cousine et une amie à elle – « je n’aurais jamais fait ça à ma famille ».
Pour chacune des preuves présentées, Nathan a une explication toute trouvée. Son agacement trahit son malaise. Ses bras se contractent à chaque réponse. Le cerveau en surchauffe, il demandera même de prendre une pause. « Vous êtes toujours aussi agité ? Reprenez votre sang-froid, vous avez une certaine expérience de la justice », lui conseille le président, faisant allusion à ses 12 mentions au casier.
« Rien ne le relie à ce business »
Me Ratynski Julie, avocate de la partie civile, l’association Équipes d’action contre le proxénétisme, déplore des victimes « de plus en plus jeunes », « très vulnérables et souvent en fugue ». « On profite d’elles », dénonce-t-elle en réclamant 1500 euros à titre de dommages et intérêts.
Le procureur de la République partage le même constat : ces jeunes filles sont « exploitées et sont livrées à des clients pour des dizaines de passes quotidiennes ». « On voit clairement l’implication de Nathan dans ce réseau. Ses déclarations ne tiennent pas la route », observe le représentant du ministère public. Il requiert trois ans d’emprisonnement et une interdiction d’exercer une profession au contact de mineurs.
La défenseuse du prévenu, Me Marjolaine Grouteau, explique que le tribunal fait erreur et que ce dossier est celui de Sophia. « Toutes les jeunes prostituées ont été entendues. Une seule a dit que mon client travaillait avec elle. Rien ne le relie à ce business », expose la collaboratrice de Me Issa Ravyn. Elle demande la relaxe.
Nathan est reconnu coupable de proxénétisme. Il est condamné à deux ans de prison et devra verser la somme de 800 euros à la partie civile.