La large victoire du Stade Toulousain face à Toulon, samedi 10 mai au Stade Vélodrome (50-16) a aussi été marquée par une association inédite entre Naoto Saito et Paul Graou à la charnière. Et l’association des deux hommes, bien aidés par un paquet d’avant ultra-dominateur, a fait des miracles dans le Sud-Est.
À en croire Paul Graou, les joueurs n’avaient pas vraiment pensé à cette éventualité. Le staff avait de son côté certainement anticipé ce qui pouvait arriver de pire mais, dans la semaine précédant le match contre Toulon, le Gersois ne s’était pas préparé pour évoluer à l’ouverture. Pourtant, en l’absence de Thomas Ramos (blessé au mollet) et Juan Cruz Mallia (laissé au repos), l’habituel numéro 9 était l’unique cartouche toulousaine en cas de scénario du pire.

Un scénario du pire qui n’a pas tardé à se réaliser. Dès la 19e minute, les deux joueurs pouvant jouer au poste de numéro 10, Romain Ntamack et Matias Remue, tous deux titulaires, avaient été contraints de quitter la pelouse. Le premier sur commotion, le second à la suite d’une entorse à la cheville. Dernier recours pour le staff, Paul Graou a donc occupé le poste de numéro 10 au sein d’une charnière totalement inédite qu’il a partagé avec Naoto Saito. « C’était peut-être mieux de ne pas s’y préparer parce qu’au moins, on n’a pas eu trop le temps de gamberger », souriait Graou, lundi après-midi.
Saito – Graou à la charnière pendant près de 60 minutes sur la pelouse du Vélodrome… Il était difficile de l’imaginer. Et pourtant, l’animation de cette doublette expérimentale a été saluée à juste titre par l’ensemble des suiveurs. De la rapidité, des initiatives, et des coups de pied habiles – à l’image de cette passe de Graou pour Barassi à l’opposé pour le 7e essai… Difficile de leur reprocher quoi que ce soit.
Paul Graou raconte : « Quand j’ai vu Matias Remue sortir de suite, j’étais le seul remplaçant, il restait 70 minutes de jeu et je m’attendais à peut-être ne pas jouer 9. Je savais qu’il pouvait y avoir un problème en cas de nouvelle blessure donc je m’étais préparé à jouer partout. Au final, ça a été à l’ouverture et ça s’est plutôt bien passé puisque l’équipe a fait un gros match. C’était plutôt bien de faire jouer les copains quand on avançait. »
Partager la charnière alors qu’ils sont habituellement en concurrence pour le poste de demi de mêlée, les deux joueurs n’y avaient jamais pensé. D’ailleurs, même au moment de la sortie de Romain Ntamack pour réaliser son protocole commotion, Naoto Saito pensait voir l’ouvreur reprendre sa place. « Pendant le match je pensais que Romain allait revenir. Mais on m’a prévenu qu’il ne reviendrait pas et j’ai compris que j’allais jouer avec Paul, explique le Japonais. Ça nous été arrivé quelques fois à l’entraînement mais pas beaucoup non plus. Une fois Paulo en 10 et moi en 9, une autre fois où c’était moi à l’ouverture mais jamais pendant 60 minutes (rires). Paul est brillant et ça s’est très bien passé. »
La complicité entre les deux hommes et le fait de s’entraîner côte à côte quotidiennement a largement facilité la chose, notamment au niveau de la communication. « On a discuté pour que ça fonctionne, notamment à la mi-temps mais aussi sur le terrain. On s’est parlé pour se mettre d’accord sur les sorties de camp, sur comment attaquer, où étaient les espaces etc, » détaille l’international japonais.
Et son collaborateur gersois ne dit pas autre chose : « On s’annonçait avant chaque mêlée, chaque touche, on se disait ce qu’il fallait faire. Après, tout n’a pas été parfait mais comme je joue 9, je savais aussi ce qu’il avait besoin d’entendre. Le travail de l’équipe, des avants qui se sont beaucoup déplacés et la disponibilité de tous les joueurs ont fait que Naoto comme moi avions plein de solutions pour faire jouer les mecs. »
Et cerise sur le gâteau, les deux joueurs ont inscrit un essai sur la pelouse du Vélodrome. Une association surprise qui donne enfin un motif de satisfaction à un staff qui fait face à une cascade de blessure depuis le début du printemps.