Depuis la publication d’une tribune par le collectif Les Truffes Roses, la question de la place des chiens dans l’espace public toulousain s’invite dans le débat municipal. La mairie de Toulouse, par la voix de Françoise Ampoulange, élue déléguée en charge de l’animal, clarifie sa position et appelle à un dialogue apaisé.
À Toulouse, dès l’aube, les parcs sont parfois rythmés par le pas vif des joggeurs, le silence des promeneurs et la course libre des chiens, tenus ou non en laisse. Depuis le mois d’avril, le collectif Les Truffes Roses, interpelle la mairie. Leur demande est claire : aménager des horaires où des chiens pourraient évoluer sans laisse dans certains parcs et améliorer l’état des espaces qui leur sont dédiés. Ils dénoncent des contrôles jugés « agressifs » et « répétés », ainsi qu’un entretien insuffisant des caniparcs municipaux, jugés « inadaptés » et « anxiogènes ».
Face à ces revendications, la mairie de Toulouse rappelle d’abord le cadre légal. « Le règlement sanitaire départemental impose que les chiens soient tenus en laisse sur le domaine public », souligne Françoise Ampoulange.
Consciente des besoins des propriétaires de chiens, la municipalité met en avant les aménagements réalisés ces dernières années. « Nous avons créé de nombreux caniparcs, entre 800 et 1 200 m2, tous clôturés, équipés de bancs et de fontaines. Nous faisons le maximum pour ouvrir ces espaces partout où cela est envisageable », précise l’élue. Toulouse, selon le classement 2025 de 30 millions d’Amis, se hisse en tête des villes françaises pour le nombre et la superficie de ses caniparcs.
La question de l’entretien de ces espaces a également été soulevée par le collectif. Sur ce point, Françoise Ampoulange distingue caniparcs et canisites : « Elles ont dû confondre avec les canisites. Ce sont des petits espaces destinés aux besoins naturels des chiens. Actuellement, ils sont progressivement supprimés puisque les Toulousains sont plus respectueux et ramassent désormais les déjections, grâce à la mise à disposition de poches. Les caniparcs, eux, sont entretenus et agrandis dès que possible ».
Le mois dernier, Llewellyn Barré, Toulousaine atteinte d’un spectre autistique et accompagnée de sa chienne d’assistance, avait l’autorisation de lâcher son animal. Mais lors d’un contrôle à la Prairie des Filtres, elle a été obligée de le rattacher. « Pour ce cas précis, on a un arrêté, l’article 5. Il dit que les chiens d’assistance peuvent être détachés mais dans la mesure où il reste à proximité de leur maître. S’il n’était pas à côté d’elle, en liberté, ça ne fait pas partie du contrat », affirme Françoise Ampoulange, catégorique.
Quant à la demande d’horaires aménagés pour la liberté canine, la mairie se montre inflexible. « Sur l’espace public, les chiens doivent être tenus en laisse, quel que soit l’horaire. Il y a toujours des familles, des joggeurs, des personnes qui peuvent avoir peur des chiens. Je n’ai pas eu de plaintes directes de Toulousains mais j’ai vu dans certains articles, qu’il y avait des gens mécontents », affirme l’élue.
Un dialogue ouvert ?
Alors que Les Truffes Roses regrettent l’absence de concertation, la mairie affirme n’avoir jamais été officiellement sollicitée. « Je suis prête à rencontrer la directrice du collectif avec grand plaisir même. Mais elle n’a jamais demandé à être reçue par la mairie de Toulouse, par mes services ou par moi-même. Et nous ne savons pas comment la contacter », déclare Françoise Ampoulange.
La municipalité insiste sur sa volonté de concilier les besoins des propriétaires de chiens et ceux de l’ensemble des habitants. « Toulouse est une ville dog friendly. On a fait des efforts considérables pour ouvrir des caniparcs partout là où c’est possible, pour que chaque Toulousain en ait à proximité de son domicile », affirme l’élue.
Dans cette controverse, chaque partie campe sur ses positions, mais la mairie se dit disposée à engager la discussion. Reste à savoir si ce dialogue, s’il s’ouvre, permettra de trouver un équilibre durable entre liberté canine et tranquillité urbaine.
Tensions et agressions au cœur des parcs toulousains
Dans leur tribune et lors de récentes prises de parole, Les Truffes Roses ont dénoncé un climat tendu dans les espaces verts toulousains. Contrôles répétés, injonctions parfois brutales, mais aussi faits plus graves : le collectif recense plusieurs incidents violents survenus en avril, dont deux agressions physiques visant des promeneuses et leur chien à la Prairie des Filtres. « Cris depuis les voitures, menaces et même passages à tabac », témoignait Laurence Lahana-Veyry présidente des Truffes Roses et Llewellyn Barré, membre du collectif.
Ces tensions, exacerbées par la question de la laisse, alimentent la défiance entre usagers et contribuent à l’urgence d’un dialogue entre la mairie et les propriétaires de chiens.