Fugitif traqué depuis deux mois après avoir enterré son père, Jean B. a échappé à la police en simulant une crise cardiaque. Vivant reclus dans sa voiture, il a tenté d’orchestrer une cavale inspirée par la foi.
Cette histoire incroyable se déroule au sein de la très feutrée noblesse toulousaine. Jean B., au cours de l’été 2024, enterre son père au fond du jardin familial, dans une grande propriété située à Toulouse. Sollicitée par la famille, inquiète de ne plus avoir des nouvelles de René, âgé de 109 ans, la police judiciaire ouvre une enquête. Puis, huit mois plus tard, en avril 2025, les forces de l’ordre découvrent finalement la victime momifiée, soigneusement allongée dans un cercueil en bois. Mais entre l’enterrement et la macabre découverte, Jean a réussi à échapper aux forces de l’ordre.
Sa fuite débute au mois de mars 2025, dans les locaux de la brigade de gendarmerie de Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, où la famille possède un château. Jean B. est interrogé à propos de la mystérieuse disparition de son paternel. Au cours de l’audition, il se trouble, perd le fil, confond les détails. La pression devient écrasante pour cet homme de foi, peu familier des mécanismes judiciaires. Il finit par simuler une attaque cardiaque devant les gendarmes. Conduit à l’hôpital, il parvient à s’éclipser dans la nuit, retourne discrètement chercher sa voiture stationnée face à la caserne, met le contact et disparaît.
Quelques heures plus tard, les policiers découvrent le corps dans le jardin d’une de ses propriétés situé à Croix Daurade, un quartier de Toulouse. « Le suspect avait ‘disparu’ après les faits en faisant croire que son père était toujours vivant, alors qu’au vu de son âge et de l’autopsie pratiquée sur la dépouille, il est décédé de mort naturelle », révèle le procureur de la République, David Charmatz.
L’hypothèse d’un suicide
Les heures qui suivent plongent les forces de l’ordre dans l’incertitude : Jean, 68 ans, ne donne plus signe de vie. Le pire est envisagé, notamment l’hypothèse d’un suicide. Pourtant, quelques jours plus tard, les enquêteurs reçoivent une lettre signée de sa main. Il y raconte avoir accompagné son père dans plusieurs monastères de la région. Tous deux, fervents catholiques, s’étaient fixé l’objectif de vivre jusqu’à 110 ans, un record de longévité. Mais le père meurt avant d’atteindre cet âge symbolique. Le fils affirme l’avoir enterré lui-même, afin de respecter ses dernières volontés.
Conscient d’être recherché, Jean aurait exploité la charité chrétienne pour se maintenir sous les radars. À l’approche de Pâques, il aurait été aperçu lors d’une messe dans l’église de son village. Dans les jours suivants, il entre en contact avec plusieurs prêtres, leur demandant de confirmer aux policiers que son père séjournait dans un monastère à l’étranger. Aucun des prêtres contactés n’accepte de travestir la vérité.
Il vit dans sa voiture
L’étau se resserre. Jean sait qu’il est traqué. Au cours du mois de mai, d’autres paroissiens et certains voisins affirment l’avoir vu. Plusieurs le préviennent que la police le recherche. Il refuse pourtant de se rendre, probablement désorienté depuis la mort de son mentor.
Pour rester sous les radars, le fugitif mène une existence bien éloignée de celle d’un châtelain. Il dort dans son véhicule, se contente de provisions rudimentaires achetées après avoir retiré un millier d’euros sur le compte de son père. Son périple s’achève dans les Hautes-Pyrénées, où son véhicule est finalement localisé par les enquêteurs, selon une source proche de l’enquête.
Une arrestation vécue comme un petit soulagement qui lui permet de ne plus se cacher. Ce vendredi, Jean a été présenté à un juge d’instruction avant d’être placé sous contrôle judiciaire. Les policiers tentent de savoir s’il a profité ou non de l’argent de son père depuis son décès, estimé au mois d’août 2024.