Dans le cadre d’une opération de lutte contre la fraude, la station de métro de Borderouge était, ce vendredi 23 mai, le théâtre d’une grande opération de contrôle portée par Tisséo et les forces de l’ordre. Objectif : sécurité et recouvrement.
Ce vendredi 23 mai, plus d’une dizaine d’agents Tisséo ont mené une action coup de poing au cœur de la station de métro de Borderouge. Formant un véritable cordon humain, ils ont méthodiquement vérifié les titres de transport de chaque usager, verbalisant au besoin les voyageurs en situation irrégulière. Une opération courante pour Tisséo, qui intervient dans le cadre de la lutte contre la fraude dans les transports publics. « On effectue une vingtaine d’opérations de ce genre par mois » se félicite en ce sens Thierry Wischnewski, directeur général de Tisséo Voyageurs.
« Cela contribue à faire baisser le sentiment d’insécurité »
Menées conjointement par les agents Tisséo, la police municipale et nationale, ces opérations ont deux buts bien identifiés : « Cela nous permet de lutter efficacement contre la fraude, qui représente 500 millions de pertes par an (700 millions sur tout le territoire français selon l’Union des Transports Publics et Ferroviaires). Et deuxièmement, cela contribue à faire baisser le sentiment d’insécurité que peuvent ressentir les usagers » détaille Serge Jop, président de Tisséo Voyageurs. En 2024, le taux de fraude sur le réseau Tisséo s’élève à 5,9 %, soit son chiffre le plus bas depuis 2019.
39 % de taux de recouvrement à Toulouse
En arrivant face aux contrôleurs, chaque passager doit présenter un titre de transport valide. Faute de quoi, il s’expose à une amende forfaitaire pouvant aller jusqu’à 150 €. Seulement, la lutte contre les fraudes se retrouve bien souvent impuissante face au faible taux de recouvrement de ces amendes, qui atteint les 39 % à Toulouse. Ce faible taux s’explique la plupart du temps par le manque de fiabilité des adresses données lors de la verbalisation : selon les chiffres de l’UTPF, lors d’une opération de contrôle, les contrevenants fournissent une adresse erronée dans 50 % des cas.
La multiplication de ces opérations coup de poing, intervient donc dans le cadre de la mise en place du dispositif « Stop Fraude », rendu effectif par la parution d’un décret datant du 3 décembre 2024, et qui permet à Tisséo ainsi qu’à d’autres groupes de transports publics d’avoir accès à une banque de données en ligne qui donne de façon précise l’adresse exacte des contrevenants.
« Aucun Toulousain ne doit renoncer à un déplacement à cause de l’insécurité » a de son côté martelé Emilion Esnault, adjoint au maire de Toulouse en charge de la Sécurité. « La présence de la police municipale et nationale permet de porter une présence rassurante. Depuis le début de l’année, ils effectuent cinq à huit opérations par semaine aux côtés des agents Tisséo. Au total, il y a eu 393 interventions et 2 interpellations » continue-t-il.
« C’est devenu vraiment cher de prendre un ticket à l’unité maintenant »
Face à cette opération de grande envergure, les voyageurs semblent, eux, beaucoup moins enthousiastes. « Je pense que c’est une bonne chose, mais je m’interroge quand même sur le fond du problème. Ce qui me dérange, c’est qu’ils utilisent Borderouge comme leur endroit de communication. Ils devraient comprendre que ce n’est pas d’empêcher les gens de frauder qui compte mais de les accompagner au mieux dans l’achat de leurs tickets » se désole une professionnelle de santé du quartier. Un peu plus loin, un usager attend patiemment la fin de l’opération pour pouvoir frauder : « J’ai perdu ma carte il y a deux jours donc c’est un peu mon excuse. Mais c’est devenu vraiment cher de prendre un ticket à l’unité maintenant ».
Le président de Tisséo assure soutenir ses agents
Alors que des syndicats d’agents de transport Tisséo se sont récemment plaints des violences subies au quotidien dans le cadre de leur métier. Le président de Tisséo Voyageurs, Serge Jop, a tenu à réaffirmer son point de vue à ce sujet : “L’ensemble de la direction fait en sorte de protéger nos agents. Il y a parfois des remarques sur le fait qu’on les punisse. Mais ce n’est pas vrai. Si le comportement de l’agent mérite une sanction, alors on le sanctionne de façon mesurée. Il faut absolument rester maître de soi quelles que soient les circonstances. Donc il y a un côté pédagogique dans la sanction. Quand je vois qu’on nous accuse de les laisser tomber, ce n’est pas vrai. Nous les soutenons toujours, même si ça devait aller au pénal” a-t-il affirmé. Le 13 mai dernier, Thierry, un responsable d’équipe de contrôleurs, a été mis à pied pour avoir asséné un coup à un usager violent lors d’une rixe.