« Trop de travaux, c’est trop », disent de concert les nombreux usagers des transports à Toulouse où les grands chantiers n’en finissent plus de durer. Le maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole Jean-Luc Moudenc, candidat à sa réélection aux municipales de 2026, s’exprime sur un sujet qui suscite un ras-le-bol général.
Certains automobilistes mettent actuellement 45 minutes pour parcourir 3 km route de Revel, le cumul des grands chantiers, la ligne C du métro, la gare Matabiau, les pistes cyclables, trop de travaux c’est trop ?
C’est vrai qu’il y en a beaucoup. Je comprends totalement ce sentiment de ras-le-bol. Moi-même je me déplace dans tous les quartiers de la ville et j’éprouve ces difficultés lorsque je me déplace. Je ne peux que souscrire au constat des Toulousains qui râlent, moi aussi je râle. Après, il faut faire prévaloir la raison. Ces chantiers ne sont pas faits pour embêter les Toulousains mais pour améliorer leur cadre de vie. La plupart du temps, ce sont des chantiers qui ont été demandés par les Toulousains eux-mêmes. Et qui ont été déclenchés à la suite de concertations auxquelles les gens ont participé : les riverains, les commerçants, les comités de quartier. Tout se fait en même temps et c’est, je crois, qui est pénible à vivre. Tout d’abord, je veux rappeler qu’il y a deux méthodes pour les chantiers dans les villes : celle qui consiste à ce que la ville soit tout le temps en chantier et cela ne finit jamais. L’autre méthode, que je préfère, est de cumuler les chantiers de manière à en diminuer la durée globale.
La durée des travaux à Toulouse reste importante depuis plusieurs années ?
Cela dépend des chantiers. En ce moment, il se trouve que nous sommes dans le pic des chantiers. Ce que je peux dire aux Toulousains est que les chantiers vont diminuer dans les mois à venir.
Est-ce un choix de votre part à l’approche des élections municipales de mars 2026 d’accélérer le cumul des travaux, notamment avec l’aménagement des pistes cyclables ?
Non. Une fois de plus, la volonté vient d’abord des citoyens. Les pistes cyclables sont demandées par les habitants pour la raison simple que depuis 2020, le nombre de cyclistes a été multiplié par deux à Toulouse. À partir de là, il y a une vraie demande sociétale. Si on ne fait pas de pistes cyclables ou si l’on en fait moins, nous aurons une accentuation des conflits entre piétons et vélos. Et l’on aura de plus en plus de vélos sur les trottoirs, déjà que je trouve qu’il y en a parfois un peu trop. Il faut savoir ce que l’on veut. On fait bien sûr des pistes cyclables pour sécuriser les cyclistes et aussi pour la position des piétons. Mais le réseau cyclable ne sera pas terminé au moment des élections. Il y en a pour plusieurs années encore. Il y a un nombre de kilomètres impressionnant. Sans compter le métro, qui va permettre de gagner du temps et de faciliter la vie de près de 200 000 personnes qui l’emprunteront chaque jour. Cela veut dire 90 000 véhicules de moins dans la circulation. Le métro ne sera pas terminé avant fin 2027 pour le prolongement de la ligne B à Labège et fin 2028 pour la ligne C. Ce qui veut bien dire que ce n’est pas un projet annexé sur le calendrier électoral, c’est indépendant.
Recevez-vous beaucoup de courriers de Toulousaines et Toulousains mécontents de la durée des grands travaux ?
J’ai en effet des retours d’insatisfaction, mais j’ai aussi des retours qui me font dire que les Toulousains comprennent bien la situation. J’ai également des retours permanents sur le fait que notre ville change, se transforme, merci M. le maire ! Chacun le sait bien, Toulouse est une ville qui se développe, plus que n’importe quelle autre ville en France. À partir de là, la ville doit s’adapter. Quand on se retrouve à des périodes où il n’y a pas de chantiers, je garde en mémoire la petite chanson qu’on entend chaque fois : notre ville s’endort. Je dois naviguer entre deux écueils, les reproches des uns et des autres sur la ville qui s’endort et le trop-plein de chantiers. Tout ce qui est fait est, cependant, la mise en œuvre de mes engagements et la mise en œuvre des demandes des Toulousains. Quoi de plus démocratique que de réaliser les engagements que l’on a pris ?
Les commerçants du quartier Bonnefoy, transformé par le projet du Grand Matabiau et la construction de la ligne à grande vitesse (LGV) Toulouse-Bordeaux, disent attendre les indemnisations promises par Tisséo ?
Je suis étonné. D’abord, l’emprise du chantier a fortement diminué depuis quelques mois. À un moment, c’était en effet pénible sur l’avenue du Faubourg Bonnefoy qui était complètement coupée. C’est en train de se terminer bientôt. Enfin, Tisséo a débloqué des aides financières car les travaux du métro donnent lieu à des indemnisations. C’est le tribunal administratif de Toulouse qui a la main, il a pris une position, il y a quelques semaines, qui est venue retarder le processus d’indemnisation. Mais, je crois savoir que tout sera rétabli.