À Toulouse, un campement s’est installé sur un terrain bordé de grillages et de haies. Parmi les caravanes et les abris de fortune, une cinquantaine de personnes tentent de survivre loin des regards. Le propriétaire des lieux souhaite leur expulsion.
La caravane est vieille, sa peinture blanche a jauni. L’intérieur est étroit, propre, rangé. Bianca, 36 ans, au visage marqué, y vit depuis deux mois. Elle l’a achetée pour 400 euros. En face de son chez-elle, des montagnes de déchets se dressent. Elles séparent les abris de fortune bricolés avec quelques planches et des morceaux de ferraille entassés sur le parking d’un bâtiment abandonné de l’avenue Jean-Gonord, dans le quartier du Château de l’Hers, à Toulouse. Depuis plusieurs mois, une cinquantaine de personnes tentent de survivre dans ce terrain dissimulé derrière des haies et des tapis tendus sur les grillages.
Bianca connaît chacun des habitants du camp. Elle est l’une des rares à avoir ses papiers d’identité français. « J’avais un boulot dans l’agroalimentaire. Je l’ai perdu. J’en cherche un autre. J’ai demandé un logement social mais je n’ai pas obtenu de réponse. Je ne roule pas sur l’or. J’ai toujours vécu dans des camps. On m’a parlé de celui-là, je me suis installée. Je n’ai nulle part où aller », raconte la jeune femme, serrée dans sa robe et son legging noirs.
Une surveillance attentive
Si la majorité des familles installées dans ce campement sauvage possèdent leurs gourbis ou leurs caravanes, cinq d’entre elles ont choisi d’investir le bâtiment à l’abandon, tagué sur toute sa façade.
Les autorités surveillent de près l’évolution de cet écosystème précaire. La préfecture de Haute-Garonne indique être « attentive à ce dossier » et a notamment « invité en juin 2024 la fédération de chasse, propriétaire des lieux et du bâtiment occupé illégalement, à engager une procédure judiciaire pour expulser légalement les occupants ». Sollicité, Sébastien Déjean, directeur de l’organisation locale, a révélé qu’une plainte a été déposée, sans préciser si le tribunal administratif a été saisi. « Ce n’est pas la première fois que le terrain est occupé. Nous avons quitté ces locaux en 2022 pour nous installer à Carbonne. Ils sont en vente », déclare-t-il.
Ces dernières années, les démantèlements de camps de Roms se sont succédé. De nombreuses familles ont été relogées. « Dans cette nouvelle installation, il reste majoritairement des personnes qui n’ont pas souhaité d’accompagnement social », observe un connaisseur du dossier.