Le CHU de Toulouse dispose depuis quelques mois d’un nouvel outil innovant pour traiter l’apnée du sommeil. Un implant positionné sous la peau, au niveau de la poitrine, remplace la machine qui envoie de l’air dans le nez pendant le sommeil.
Dormir avec un appareil qui envoie de l’air dans les voies respiratoires, c’est le quotidien pas très facile de près de 1,6 million de personnes en France souffrant d’une apnée du sommeil moyenne à sévère. Ce traitement par PPC (pression positive continue) est proposé en première intention afin qu’il n’y ait plus d’interruptions respiratoires – souvent accompagnées de ronflements sonores et de microréveils fréquents — dangereuses pour la santé cardio-vasculaire et la vie quotidienne (risques d’accidents en raison d’une somnolence).

« Mais, pour 20 % des patients, la PPC est non tolérée (fuites, complications, assèchement de la muqueuse, reflux) », explique le Professeur Guillaume De Bonnecaze, ORL et chirurgien cervico-facial au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse. Son service, basé à l’hôpital Larrey, dispose désormais d’un nouvel outil thérapeutique.
Il s’agit d’un implant sous-cutané, placé au niveau de la poitrine, et relié au nerf hypoglosse (situé dans la région cervicale) qu’il stimule pendant le sommeil. Ce nerf joue un rôle clé dans le contrôle de la langue. En le stimulant, le dispositif empêche l’obstruction des voies respiratoires. L’activation de l’implant se fait simplement, via une télécommande, juste avant le coucher. Surtout, le dispositif améliore la qualité de vie.
Cinq patients implantés à Toulouse
Véronique, une Dijonnaise de 64 ans, a fait partie des premiers patients implantés en France. En 2022, elle est entrée dans un protocole de recherche mis en place par le CHU de Grenoble avec la société américaine Inspire. « Ça a changé ma vie », résume-t-elle simplement. « Côté vie personnelle, je ne voulais plus voyager ou aller dormir chez des amis… J’avais honte et du mal à supporter psychologiquement la machine. Avec l’implant, je ne m’interdis plus rien, je vis plus légèrement, dans tous les sens du terme, et un homme est même entré dans ma vie », raconte Véronique.
Pour l’instant, les indications de prise en charge de l’implant sous-cutané (le dispositif seul coûte 20 000 €) ne concernent que les patients en échec thérapeutique. Mais il laisse entrevoir un futur innovant dans le domaine de l’apnée du sommeil.
Le CHU de Toulouse fait partie de la dizaine de centres implanteurs en France ; cinq patients ont déjà pu bénéficier de cette chirurgie mini-invasive qui demande un travail précis, réalisé sous microscope, afin de bien sélectionner la partie du nerf qui permet de tirer la langue. « Chez mon premier patient, les bénéfices de l’implant sont là : il ne ronfle plus, est moins fatigué et n’a plus mal à la tête au réveil », indique le Dr Bastien Benbassat, ORL et chirurgien cervico-facial au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Toulouse.