À l’occasion de la journée nationale de la Résistance, ce 27 mai, Jean-Pierre Blanc et Robert Bettini, fils de résistants Toulousains pendant l’occupation allemande sont venus raconter leur histoire au musée de la Résistance et perpétrer leur devoir de mémoire.
Toulouse, mardi 5 novembre 1940. L’express du maréchal Pétain arrive en gare de Matabiau. Angèle et Yves Bettini, jeunes mariés lancent ce jour même le tout premier acte de résistance toulousain. Armés d’une catapulte à prospectus, ils déversent sur le maréchal une vague de haine avec des inscriptions : « Pétain bourreau » ou encore « Thorez au pouvoir ».
Ils sont arrêtés trois semaines plus tard avec leurs familles, effectuant leurs peines puis leur devoir de mémoire jusqu’à leur mort, impliquant dans ce process leur fils, Robert Bettini. Il était présent ce mardi au musée de la Résistance de Toulouse pour honorer leur mémoire. À 72 ans, il est encore très ému quand il parle de cette période.

Jean-Pierre Blanc, maire honoraire de Marsoulas était présent aussi. Il raconte, les massacres qu’il y a eus dans son village le 10 juin 1944. Il avait 3 ans. À 7 h du matin, l’occupation allemande a pénétré dans les habitations avec pour seul ordre : tuer tout ce qui bouge. Jean-Pierre Blanc et son père, maire de Marsoulas à ce moment-là, ont pu se cacher dans les bois tandis que les SS das Reich leur ont arraché leur famille entière.
Avec 27 cadavres, ce village du Comminges a connu le plus gros massacre de la seconde guerre mondiale en Haute-Garonne. Malheureusement, c’est un « massacre qui est quasiment inconnu par les jeunes générations » selon lui. Alors, en tant que maire et en tant que fils d’un résistant il continuera « jusqu’au dernier jour, à apprendre à ceux qui le veulent » confie-t-il.
Quand mémoire et prévention vont de pair
Selon Jean-Pierre Blanc et Robert Bettini, la mémoire de la résistance en Haute-Garonne est trop peu soutenue, mal entretenue. Leur priorité, c’est de raconter leur histoire aux enfants, à une génération qui prendra bientôt la tête de notre société. « Les enfants sont intéressés », affirme M. Bettini. « Mais la République les empêche d’écouter », poursuit M. Blanc. Pour exemple, il cite la commémoration qui a eu lieu à Marsoulas en janvier. « Les gens sont venus de Toulouse, mais les enfants ne pouvaient pas. Comme c’était dans les heures d’écoles, ils n’avaient pas le droit. C’est triste », soupire-t-il.
« Ce qui s’est passé en France sous le régime de Vichy, c’est l’annulation des valeurs de la République » décrit M. Blanc. Pour lui, le devoir de mémoire, ce n’est pas pleurer sur le sort de nos aînés sacrifiés mais surtout prévenir, d’un danger imminent. « Aujourd’hui, on discutaille de valeurs comme la laïcité par exemple. Ces valeurs-là, elles ont construit une nation, qui est la République Française. Je pense qu’en ce moment, notre pays court un grand danger. Donc tant qu’on le pourra, on continuera de transmettre les horreurs que la guerre provoque » conclut-il.