Au lendemain du départ surprise mercredi 28 mai de Damien Comolli, plusieurs voix évoquent des dissonances entre le dirigeant héraultais et le fonds américain RedBird. L’ancien président toujours au club et prédécesseur de Comolli, Olivier Sadran, redoute l’avenir. Verbatim.
Après l’impact de la bombe, l’étendue des dégâts. C’est le process habituel. Depuis ce mercredi 17 heures et l’annonce « avec effet immédiat » du départ de Damien Comolli par l’intéressé lui-même via un mail à toutes les composantes du Toulouse Football Club, les réactions se font légion, les langues se délient un peu et les raisons de ce coup de tonnerre s’éclaircissent petit à petit.

« C’est doublement dommageable, commente Olivier Sadran à La Dépêche, parce que Damien avait fait énormément de boulot et parce qu’on est déjà dans la quasi-reprise de la saison. » Toujours actionnaire à hauteur de 15 %, l’ancien homme fort des Violets éprouve d’abord des regrets, évoquant ensuite un timing pas heureux. « Cela va rendre les choses un peu plus difficiles encore… »
Autrement formulé : les emplettes estivales du TFC, avant tout, vont-elles s’en ressentir alors que le mercato ouvre sa première fenêtre de tirs, inédite certes, dimanche 1er juin ? L’avenir, à (très) court terme, nous apportera les premiers éléments de réponse. Tandis qu’une source haut placée nous lâchait il y a 24 heures : « Ça va être un beau bordel ! »
Un intérim ? Un étranger ?
En attendant, il s’agit de remplacer au poste le Biterrois. « Aujourd’hui, reprend Sadran, l’urgence est de trouver quelqu’un de bien, parce que ce n’est pas un job simple. Moi en intérim ? Même pas en rêve ! », balaye d’un revers de main et avec un large sourire le patron de Newrest.
Comolli parti pour le Piémont, sa femme Selinay Gürgenç qui jette également l’éponge, ils ne sont plus que deux membres dans l’état-major téféciste, le fameux comité stratégique : Julien Demeaux, responsable des opérations football, et Julien Lacour, directeur du Centre de formation. Deux profils qui, de par leur spécificité, ne collent pas avec l’oiseau rare recherché. « Ce sera forcément quelqu’un arrivant de l’extérieur, d’après un proche du club. Et pourquoi pas un président étranger… »
« La suite des événements… Je ne peux vous éclairer, répond Olivier Sadran, car je ne les connais pas. Je ne suis plus dans les arcanes. Mais ce que je peux vous dire, c’est que je comprends les motivations de Damien Comolli. » Lorsque la Vieille-Dame vous fait la cour, il est clair qu’il est difficile de résister. « Je ne suis pas certain que ce soit que pour ça. Que pour la Juve, appuie ‘‘OS’’. Damien était très attaché à ce qu’il faisait à Toulouse et il était très bien ici. D’autres causes, qui lui sont propres, l’ont poussé à être réceptif à la proposition de Turin. Il n’a pas toujours pu travailler comme il voulait. » Moyens limités du propriétaire RedBird Capital Partners ? « Pas que », opine du chef le président du Tef entre 2001 et 2020.
L’argent, nerf de la guerre
Un argument que l’ex responsable stratégie et culture du TFC Selinay Gürgenç a brandi, ce jeudi, sur ses réseaux sociaux : « J’aurais aimé un budget légèrement plus important pour rêver plus grand en l’honneur de cette belle ville et la meilleure tribune de L1. »
Une semaine après que son mari a tenu peu ou prou le même discours – lors de sa seule prise de parole officielle sur l’année 2025 évoquant le nouveau Centre d’entraînement à l’arrêt faute de financement suffisant. « Je n’ai pas idée de la date de reprise des travaux, on ne pourra pas avancer sans un apport en cash de RedBird. Je l’ai répété plusieurs fois aux Américains. » « Il s’en va aussi, résume d’un trait Sadran, parce que des engagements promis n’auront pas toujours été tenus. »
« On vend un jour, on ne vend pas le lendemain… »
Lassé de se battre, en vain, l’ami Comolli ? « C’est une décision que j’ai mûrie depuis plusieurs mois maintenant » écrivait-il ainsi sur X, anciennement Twitter, mercredi en soirée. Au passage, citant tout le monde – dont Olivier Sadran, « pour ses conseils et son soutien » – sans mentionner nommément… RedBird.
« Un certain nombre de choses étaient sans doute pénibles à supporter. Notamment les changements de pied permanents : On vend, on ne vend pas. Ce n’est pas une bonne chose. Un jour tu es à racheter, un autre jour tu ne l’es plus ; un jour tu es un tel, le lendemain un autre. La situation est quand même assez instable, déplore Olivier Sadran, et c’est problématique. En tant qu’actionnaire, même si je n’ai aucune influence et que je n’en veux pas, je suis excessivement préoccupé par la suite. »