Pour éviter que le scénario catastrophe du vol Helios Airways 522 ne se répète, l’avionneur européen a développé un système de sécurité. Il permet, si les pilotes perdent connaissance à la suite d’une dépressurisation de la cabine, de ramener l’appareil à une altitude respirable de manière complètement automatisée. Une avancée importante en matière de sécurité aérienne. Explications.
Dans un avion de ligne, la cabine est pressurisée pour permettre de voyager dans de bonnes conditions sans créer de risques pour l’organisme. C’est ce que l’on appelle l’altitude-cabine. Elle se situe généralement entre 1 800 et 2 400 mètres selon les avions et leur ancienneté.
En cas de dépressurisation en vol, des masques à oxygène tombent automatiquement en cabine pour éviter aux passagers de perdre connaissance par hypoxie. Leur autonomie est limitée à une dizaine de minutes. Cela est largement suffisant pour permettre aux pilotes de faire descendre leur appareil à une altitude respirable sans masque, autour de 4 000 mètres. À condition toutefois que l’équipage aux commandes ait bien mis son masque lui aussi pour effectuer la manœuvre. Ce n’est, hélas, pas toujours le cas…
Newsletter Aéronautique
Votre RDV hebdomadaire pour découvrir des informations exclusives sur le secteur de l’aéronautique : interviews, analyses approfondies, enquêtes…

Vol Helios Airways 522
Le 14 août 2005, les pilotes d’un Boeing 737 d’Helios Airways ne se sont pas rendu compte que leur avion n’était pas pressurisé. Quelques minutes après le décollage, ils se sont tous deux évanouis dans le cockpit. En pilote automatique, l’avion a volé pendant plus de deux heures sans personne aux commandes. Puis, ayant épuisé tout son carburant, il s’est écrasé sur une colline avec ses 121 occupants.
Pour éviter qu’un tel accident ne se reproduise, les équipes d’Airbus de Toulouse et Hambourg (Allemagne) ont travaillé pendant un an pour mettre au point un nouveau système de sécurité. Baptisé AED pour Automated Emergency Descent, descente d’urgence automatisée en français, ce dispositif équipe ses A350 depuis 2018.
Il peut être déclenché manuellement par les pilotes. « Notre objectif était de créer un système simple permettant un allègement significatif de la charge de travail lorsqu’une descente rapide est nécessaire » explique Yann Besse, ingénieur d’essai qui a travaillé sur le projet. Mais le dispositif se déclenche aussi, et c’est là tout l’intérêt, de manière automatique en cas d’incapacité de l’équipage.

Une descente rapide très contrôlée
Concrètement, l’AED se déclenche si l’altitude-cabine vient à dépasser les 4 300 mètres. Après avoir alerté l’équipage par une alarme, le système se met en marche s’il n’y a pas de réaction de la part des pilotes dans les 15 secondes… Le pilote automatique s’active. Le code du transpondeur se règle automatiquement sur 7700 pour signaler au contrôle aérien une situation de détresse et le système anticollision (TCAS) de l’avion s’active. L’avion entame alors une descente rapide.
En cas de déclenchement du TCAS durant cette phase, l’avion arrête immédiatement sa descente et suit en mode automatique les recommandations de changement de trajectoire du système anticollision. Une fois le risque de collision évité, le système de descente d’urgence se réactive. Une fois l’altitude de sécurité atteinte, l’AED se désactive et l’avion reprend une vitesse normale tout en maintenant son niveau de vol. Tous les occupants de l’appareil, pilotes compris, peuvent alors rapidement retrouver leurs esprits.

Le système AED équipe aujourd’hui les versions 900 et 1 000 de l’A350. La possibilité de le déployer aux autres avions Airbus est à l’étude.