Face à une demande de sécurité croissante, de plus en plus de maires optent pour l’armement de leur police municipale. Brigitte Ségard, présidente de l’Association des maires de Haute-Garonne, décrit un mouvement de fond. Interview.
Quel est le sentiment des maires du département sur cette question ?
Longtemps, la question de l’armement de la police municipale a pu susciter des débats, des hésitations, voire des oppositions de principe. Mais aujourd’hui, on observe clairement une évolution des mentalités. Ce qui relevait hier du débat devient aujourd’hui un sujet de plus en plus consensuel. La majorité des maires convergent vers l’idée que l’armement est devenu une nécessité pour protéger les agents eux-mêmes et répondre aux attentes croissantes de sécurité exprimées par la population.
Avez-vous noté une évolution de la demande d’armement ?
Oui, il y a indéniablement une accélération du mouvement ces dernières années, mais je dirais que cette tendance s’inscrit dans un processus plus profond. Ce n’est pas une réaction ponctuelle à une actualité, c’est un mouvement de fond qui traduit une transformation durable du rapport des élus à la question de la sécurité. Les événements récents ont plutôt renforcé une dynamique déjà engagée.
Les moyens financiers et humains sont-ils suffisants pour assurer un armement sécurisé des polices municipales ?
C’est un enjeu très concret. L’État propose effectivement des dispositifs de soutien financier, mais cela ne suffit pas à compenser entièrement le coût que représente une police municipale armée. C’est un choix budgétaire lourd, qui suppose un engagement durable sur plusieurs années, tant en équipement qu’en formation et encadrement.
Craignez-vous que l’armement puisse modifier le lien de confiance entre habitants et police municipale ?
C’est une inquiétude légitime, mais dans les faits, ce que nous constatons, c’est plutôt l’inverse. L’armement, lorsqu’il est bien encadré et assumé, renforce le sentiment de sécurité chez les habitants et la légitimité des agents sur le terrain. Il ne s’agit pas de militariser la police municipale, mais de lui donner les moyens de répondre à des situations qui peuvent rapidement dégénérer. Dans beaucoup de cas, cela renforce la confiance plutôt que de l’éroder.
Souhaitez-vous une harmonisation nationale des pratiques ou défendez-vous la liberté des maires sur ce sujet ?
Il est essentiel de préserver la liberté des maires, car chaque territoire a ses spécificités. Le maire est le mieux placé pour savoir ce dont sa commune a besoin en matière de sécurité. Mais en même temps, la sécurité est une responsabilité régalienne. L’État ne peut pas se défausser. Il faut un accompagnement clair, un cadre national solide, et des moyens suffisants pour que les communes ne soient pas laissées seules face à cette charge.