Toulousain et premier vainqueur français d’un tournoi PGA, Matthieu Pavon a grandi entre ballons et tees. Si son père Michel est resté 11 saisons au TFC, sa mère Béatrice a été formée au Creps de Toulouse avant d’intégrer l’équipe de France de golf. Magazine.
Sur la photo de profil WhatsApp de Michel Pavon, une couverture de « France Football » sur laquelle il apparaît avec le maillot du TFC. Matthieu, son fils, né à Toulouse en novembre 1992 (32 ans), est devenu un inconditionnel des Girondins de Bordeaux, avec qui le père a été champion de France (1999), au point de faire graver le fameux scapulaire sur l’un de ses protège-bois pour le dernier Masters d’Augusta.

Béatrice, la maman, a une passion pour plusieurs clubs, ceux garnissant son sac de golf. Vice-championne de France juniors et titrée en UNSS en 1989, elle a été membre de l’équipe de France avant d’entamer sa carrière d’enseignante à Vieille-Toulouse. Elle la poursuit aujourd’hui en Gironde (golf des Argileyres) : « J’ai rencontré Michel quand j’étais au Creps de Toulouse (NDLR : premier Pôle France féminin), en tant qu’assistante de Richard Olalainty, mon tuteur hélas décédé depuis. Michel, lui, était au centre de formation du TFC et en équipe de France militaires. Quand Matthieu est né, l’un de nous deux devait arrêter sa carrière pour le gérer. Et ç’a été moi (sourire). » Choix judicieux au regard de la suite.
Matthieu Pavon n’est pas juste un très bon joueur de golf, monté l’an dernier jusqu’au 20e rang mondial. Il a écrit l’histoire en devenant le premier Français à décrocher un trophée sur le circuit PGA, lors du Farmers Insurance Open (janvier 2024).
« Nous, parents, on est là pour protéger Matthieu au-delà de ses résultats »
Depuis, l’aîné de Martin (30 ans) et Rafael (24) a affolé les compteurs en Majeur (5e de l’US Open et 12e du Masters, l’an dernier). Il était encore dans le coup pour la gagne après trois tours lors du récent PGA Championship, autre levée du Grand Chelem. Exceptionnel, certes. Mais l’essentiel est aussi ailleurs, recadre Béatrice : « Je veux juste que Matthieu soit heureux, épanoui et qu’il aille au bout de son rêve. Nous, parents, on est là pour le protéger au-delà de ses résultats. »
Son propos fait écho à celui que Michel, qui a passé 11 saisons au Téfécé (1983-94), nous avait délivré fin 2023 : « Je suis juste un papa aimant de mes trois enfants et quand j’en vois un heureux, peu importe ce qu’il fait, je le suis moi aussi. Votre enfant qui a atteint son rêve, pour un papa, c’est le Nirvana. »
Lors d’un Open de France, en 2018, Matthieu avait déjà posé le cadre d’une relation familiale où la performance n’est pas l’épicentre : « Mon père est très discret par rapport à ce que je vis. Il me laisse très libre dans ma carrière mais sera toujours là pour me remettre dans le droit chemin s’il considère que je vais dans le mur. C’est plutôt moi qui lui demande des choses. J’en fais de même avec ma mère. »
Matthieu a touché au foot, au tennis et même au judo avant de s’impliquer vraiment dans le golf à 12 ans, sous l’impulsion de sa mère. Ici, le « vraiment » est déterminant, explique Béatrice, qui a toujours œuvré pour que le sport supplante les consoles à la maison et que les repas ne tournent pas au débriefing des cartes de score : « Plus que la culture de la compétition, c’est celle du travail que Matthieu a pris de nous deux. On lui a vite appris à ne rien lâcher, à comprendre qu’il faudrait qu’il bosse plus que les autres pour rattraper son retard, car il en avait en se lançant à 12 ans. Et Matthieu est resté un très gros bosseur, comme son papa. » L’arc ne fut pas doté que d’une seule corde : « On lui a aussi inculqué la notion du jeu. En s’amusant par exemple à faire des lob shotspar-dessus les arbres, on progresse. On voulait que Matthieu prenne du plaisir, au-delà du résultat, qu’il soit libre. »
La vie a défilé. Puisque sa mère était convaincue des bienfaits de l’expérience, Matthieu est allé s’aguerrir aux États-Unis, où Thomas Levet (vainqueur de la Ryder Cup 2004) l’a pris sous son aile. Il a ensuite décroché son premier sacre européen à Madrid, fin 2023, sur les terres de son grand-père paternel, Ignacio « Pepito », ancien attaquant de l’OM (1960-1964). Les routes de Michel et Béatrice se aussi sont séparées voilà quelques années. Enfin, pas tout à fait, précise la maman : « Je suis Matthieu sur 4-5 tournois par an. Et, chaque année, on va ensemble au Masters avec Michel. On a gardé de très bonnes relations. »
À Augusta, en 2009, Béatrice avait enterré une pièce au pied d’un arbre en espérant que son ainé y revienne un jour disputer le tournoi. L’an dernier, elle en a déposé deux de plus, accompagnée d’Aaron (3 ans), le fils de Matthieu. Le bonheur, parfois, ça pousse…