En attendant de nommer un nouveau président à la tête du TFC, l’actionnaire majoritaire RedBird a installé l’un de ses hommes forts dans le fauteuil : Neil Chugani. Ce jeudi 5 juin, le Britannique de 56 ans a accordé un entretien exclusif à La Dépêche, dans lequel il dépeint la situation du club depuis la démission surprise de Damien Comolli et réaffirme l’engagement du fonds d’investissement américain.
Depuis l’arrivée de RedBird aux commandes du TFC en 2020, les prises de parole des représentants du fonds d’investissement américain sont rares. Ce jeudi 5 juin, une semaine après la démission surprise de Damien Comolli de son poste de président, Neil Chugani accorde un entretien exclusif à La Dépêche. L’ancien champion d’aviron, basé à Londres, a été nommé président intérimaire du club haut-garonnais et a passé les derniers jours dans la Ville rose, où il a rencontré l’ensemble des équipes du club et a commencé à travailler sur les dossiers les plus brûlants, comme la nomination d’un nouveau président, le mercato et le budget du club pour la prochaine saison.
Pouvez-vous vous présenter, ainsi que votre position au sein de RedBird ?
Je m’appelle Neil Chugani, je suis manager et partenaire chez RedBird, en charge du fonds d’investissement à Londres.
Quel est votre rôle exact au TFC, et vos fonctions depuis votre arrivée au club ?
Je suis président par intérim du TFC. J’ai coopéré toute la semaine avec les équipes, les dirigeants, pour poursuivre tout le bon travail qui a été effectué jusqu’ici. Nous nous concentrons notamment sur la recherche d’un excellent président permanent pour le club.

Dans quels délais pensez-vous pouvoir le nommer, et quels sont les noms auxquels vous pensez ?
J’aimerais que cela soit fait le plus vite possible. Nous avons une short-list de candidats, que pour des raisons que vous comprendrez, je ne dévoilerai pas. Cependant, il est très important pour nous de nommer un président qui partage les valeurs, l’ambition, et la culture du TFC, et qu’il s’inscrive dans la continuité du projet stratégique du club.
Un Français ?
Idéalement, oui.
Quel doit être son profil ? Par exemple, va-t-il continuer à travailler avec la data ?
C’est une bonne question. C’est une grande partie du projet. Aujourd’hui au club, il y a des personnes très compétentes aux postes stratégiques qui savent comment poursuivre ce projet et développer une stratégie basée sur la data. Donc oui, nous souhaitons nommer un président qui encadre cela, qui comprenne cette stratégie. Je l’ai vraiment à l’esprit.
Pouvez-vous être plus précis quant au délai ? Parle-t-on d’une semaine, d’un mois ?
Ce sera probablement plus d’une semaine…
Cette situation n’est-elle pas déstabilisante pour le club ?
Je suis là pour assurer une forme de stabilité, et j’ai une grande confiance en les équipes du club pour poursuivre leur très bon travail. Évidemment, toute période sans président permanent n’est pas idéale. Mais selon mon expérience, c’est à ce moment-là que des personnes en dessous du président peuvent émerger, prendre leurs responsabilités. C’est une occasion de briller. Jusqu’à présent, je suis très satisfait.
RedBird est-il engagé au TFC sur le long terme ? Avez-vous été approché par d’autres structures pour céder le club ?
Nous sommes engagés à long terme, oui. Nous avons, assez récemment, pensé à vendre le club. Parce que c’est notre business, c’est ce que fait RedBird. Notre investissement à Toulouse a été un grand succès. Mais nous comprenons que c’est un club avec beaucoup de potentiel, un atout, et ce ne serait pas vraiment le bon moment pour vendre.
Qu’est ce qui vous a fait changer d’avis ?
Tout change tout le temps, en fonction de l’environnement. Là, ce n’est pas le bon moment ; c’est le moment pour le propriétaire de s’investir.
Dans quelle ampleur RedBird va-t-il investir financièrement dans le club, dès maintenant et les prochaines années ?
Le TFC est passé sans encombre devant la DNCG (Direction nationale de contrôle et de gestion, le gendarme financier du foot français ndlr) cette semaine ; l’une des raisons pour laquelle cela s’est bien passé, c’est parce que cette semaine, RedBird a injecté des capitaux supplémentaires dans le club. Comme nous l’avions fait il y a trois ans. Si l’on parle du futur, le niveau d’investissement dépendra du projet. Il est trop tôt pour moi pour le dire, j’ai besoin de mieux comprendre le club et ses besoins.
Quand RedBird investit de l’argent supplémentaire, est-ce pour faire passer un cap au club, ou pour combler des trous ?
Ce n’est pas pour combler des trous, mais pour s’assurer que le club a les ressources suffisantes pour fonctionner.
Cela signifie-t-il que les travaux du centre de performance, un projet très important pour le club, vont reprendre ?
Je tiens à dire que le club a déjà investi 5 millions d’euros dans ce centre de performance depuis l’arrivée de RedBird. Je vais visiter le site dès la semaine prochaine, et l’équipe va m’aider à comprendre ce qu’il faut faire, combien cela va coûter et comment le financer. C’est dans ma to-do list !
La crise des droits TV vous inquiète-t-elle ?
La situation actuelle est très décevante. Mais fondamentalement, le produit est important, je ne peux pas croire qu’aucune valeur n’y est attachée. Nous sommes dans une crise à résoudre, et j’espère que cela sera fait le plus vite possible. Beaucoup de personnes tiennent à la Ligue 1 et se rendent compte que cette situation n’est pas tenable.
Malgré cette incertitude, avez-vous une idée de ce que sera le budget du club la saison prochaine ?
Nous avons déterminé un budget, en prenant en compte l’investissement de capitaux dont je viens de vous parler. Il faut maintenant voir comment cette situation des droits TV va se résoudre.
Damien Comolli avait l’habitude de dire que le TFC visait l’Europe de manière régulière. Reste-t-on dans cette trajectoire ?
Oui, tout à fait. Nous poursuivrons cette stratégie, en utilisant la data, mais aussi les jeunes talents du centre de formation, les Pitchouns.
Carles Martinez Novell sera-t-il toujours l’entraîneur la saison prochaine ?
Nous avons parlé cette semaine, et il est un élément clé du projet depuis deux saisons. Ses résultats sont très bons.
Sur le mercato, faudra-t-il vendre avant d’acheter comme l’avait annoncé Damien Comolli peu avant son départ ?
Nous allons garder la même approche que les années précédentes. Mais je ne veux pas trop m’étendre sur la manière dont nous allons gérer le mercato.
La démission de Damien Comolli vous a-t-elle surprise, et est-il parti en raison de désaccords avec RedBird ?
Oui, c’était une surprise. Quant à ses raisons, il faudra lui demander.
Avez-vous discuté avec Olivier Sadran, ancien président et toujours actionnaire du TFC ?
Nous nous sommes vus mercredi, et avons eu une discussion très productive. Nous allons rester en contact, très proches, pendant cette période de transition. Il m’a dit qu’il tenait encore profondément au club, qu’il voulait qu’il connaisse un grand succès. Je lui ai dit que j’étais ici dans un sentiment de partenariat, et que je souhaitais m’appuyer sur ses conseils.