galerie du Château d’Eau accueille, jusqu’au 31 août, « Ce que les yeux ne saisissent » d’Anaïs Tondeur, photographe de terrain engagée pour l’écologie…
Pour sa dernière exposition hors les murs, laPar une démarche mêlant procédés analogiques du début de l’histoire de la photographie et pratiques écologiques, Anaïs Tondeur donne à la nature son propre moyen d’expression artistique. Son intention : « exposer l’intouchable et montrer l’invisible de différents écosystèmes affectés par des activités anthropiques » à travers trois séries de photographies.
Dans « Noir de Carbone », développée en collaboration avec des physiciens de la Commission Européenne, Anaïs Tondeur s’est rendue sur l’île de Fair, au nord de l’Écosse, pour retracer le trajet des particules de noir de carbone dans l’atmosphère. Ainsi, chaque jour de l’expédition, elle réalisait un portrait du ciel, tout en recueillant les particules polluantes à l’aide d’un masque filtrant, servant par la suite d’encre lors du tirage des photographies. Au-delà de son caractère artistique, l’aspect visuel de cette série de photos joue « un important rôle scientifique puisque l’intensité de l’encre traduit le volume de particules de noir de carbone présent dans le ciel au moment de la prise des photos », précise la photographe. À travers cette expérience, Anaïs Tondeur souhaite inciter à réfléchir à la relation entretenue avec l’air qui nous entoure, à une époque où la pollution représente un problème majeur.
Penser des questions contemporaines pour et avec la nature
La deuxième série « Tchernobyl Herbarium » explore l’impact de l’explosion de Tchernobyl sur la flore, en usant de la radioactivité présente dans ces végétaux pour en faire leur empreinte sur des plaques photosensibles. Cet herbarium radioactif, permet ainsi à la photographe d’étudier la question du trauma sur et avec les plantes qui poussent dans les sols irradiés. « C’est un travail très actuel puisque ces mêmes plantes, habituées à muter pour continuer à faire monde malgré la dévastation, ont été de nouveau affectées par la présence humaine lors des bombardements de la zone irradiée par l’armée russe en 2022 », rappelle la photographe.
Dans la troisième et dernière série exposée à la galerie temporaire du Château d’Eau, dans l’ancien musée de l’affiche, l’artiste engagée cherche à représenter les ruines du capitalisme à travers l’empreinte de plantes rudérales poussant sur les décharges du Parc national du Vésuve à Naples. En effet, depuis les années 1960, ce dernier est victime d’un « écocide dévastateur causé par les mafias locales qui y incinèrent et enterrent des déchets toxiques provenant de l’Europe entière » a pu constater la photographe qui expose aussi à la Spot Home Gallery de Naples de Cristina Ferraiuolo, aussi commissaire de l’exposition toulousaine. Le résultat visuel de ces œuvres dépendant totalement de réactions chimiques imprévisibles, le principal rôle d’Anaïs Tondeur est de créer un contexte pour que ces êtres négligés puissent écrire et nous apprendre d’autres façons de cohabiter dans une zone critique.
La prochaine exposition retrouvera le Château d’Eau rénové dès le 18 novembre avec « L’Humus du monde » de Sophie Zénon.