Homicide involontaire, cocaïne, excès de vitesse : un chauffard récidiviste tue un adolescent de 17 ans. Une famille détruite témoigne, tandis que la justice peine à apaiser une douleur irréversible.
Le fracas des forces de l’ordre frappant à la porte résonne encore dans leur mémoire. « Au départ, on pense que Yanis a fait une bêtise. Puis, tout s’effondre autour de nous », raconte la mère de l’adolescent. Elle est assise, les mains croisées sur ses genoux. Les larmes coulent sur ses joues. À ses côtés, son mari peine également à contenir ses émotions.
Leur fils, âgé de 17 ans, a été tué sur la route par un chauffard. C’était le 8 novembre 2024, à Labarthe-sur-Lèze, au sud de Toulouse. Le suspect sera jugé par le tribunal correctionnel de Toulouse ce jeudi 12 juin 2025.« Le conducteur a été testé positif à la cocaïne le jour du drame. Il a ensuite reconnu en consommer plusieurs fois par semaine depuis de longs mois », précisent Mes Emmanuelle Franck et Alexandre Martin, avocats des parties civiles.
Ce soir-là, Yanis passe la soirée avec des amis. « Il est parti en scooter, j’ai eu un mauvais pressentiment. Je voulais le déposer. J’ai minutieusement vérifié son scooter pour m’assurer qu’il fonctionnait parfaitement. Yanis m’a dit de ne pas m’inquiéter. Je lui ai dit que je l’aimais et il est parti. » C’est la dernière fois que cet homme a parlé à son fils.
Après avoir mangé au restaurant et immortalisé ce moment par une photo, Yanis reprend calmement la route pour rentrer chez lui. « Il ne buvait pas et ne se droguait pas. C’était un sportif, ceinture marron de judo, nageur et boxeur. Un garçon attentionné et respectueux », disent ses parents.

Un choc inévitable, un chauffard en fuite
Mais l’adolescent ne maîtrise pas le comportement des autres. La nuit est tombée lorsqu’un conducteur sous cocaïne entreprend le dépassement d’une voiture. Le chauffard se retrouve face à Yanis, qui circule sur la bonne voie, dans le sens opposé. Malgré une limitation à 80 km/h, l’automobiliste récidiviste fonce à 130 km/h. Le choc est terrible. Yanis meurt sur le coup.
Le suspect prend la fuite, laissant Yanis mourant aux mains des témoins impuissants. Il sera retrouvé deux heures plus tard. Placé en garde à vue et confronté à de nombreux éléments à charge, cet homme de 37 ans, déjà condamné à deux reprises pour conduite sous stupéfiants, finit par reconnaître ses torts.
« On lui en veut. Il va être condamné à 10 ans de prison maximum. Pour nous, c’est la perpétuité. Notre couple vacille, on se pose mille questions, nos enfants le vivent très difficilement. Avant, on était heureux, aujourd’hui, nous avons l’impression qu’il n’est plus possible d’être heureux, que nous n’en avons plus le droit. Si nous étions seuls avec mon épouse, nous aurions fait une bêtise », confie le père de Yanis.Son attitude est digne. L’émotion se lit dans ses yeux, mais sa voix ne tremble pas.
Une justice en débat, une peine jugée insuffisante
Tandis qu’une requalification en homicide routier est encore débattue dans les cercles judiciaires, le prévenu, défendu par Me Brice Zanin, sera finalement jugé pour homicide involontaire.« Sa première condamnation date de 2008. Ces 17 dernières années, il n’a rien fait pour se sortir de cette addiction à la drogue. Et en plus, il conduit dans un état second », ajoute Me Alexandre Martin.
Selon les données de la Sécurité routière, près de 20 % des accidents mortels impliquent la consommation de stupéfiants. La loi prévoit jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende en cas d’homicide involontaire aggravé, notamment par usage de drogues ou excès de vitesse. Mais pour les familles de victimes, ces peines paraissent dérisoires face à la perte d’un enfant.
« Toutes les circonstances étaient réunies pour qu’un drame se produise. Rien ne nous rendra notre fils. Il était aimé, plus de 600 personnes lui ont rendu hommage le jour de l’enterrement », rappellent ses parents.
Ce jeudi, la famille espère prendre la parole devant le tribunal. « Dire ce que l’on pense en regardant le suspect droit dans les yeux », promet le père de Yanis.