Après avoir subi un énième vol de vêtements, la gérante d’un magasin pour enfants à Plaisance-du-Touch a décidé de passer à l’offensive. Elle a placardé les photos de trois femmes qu’elle accuse de vol, espérant ainsi décourager toute récidive. Une initiative illégale qu’elle assume.
Sur la vitrine de sa boutique de Plaisance-du-Touch, la gérante a affiché deux photos accompagnées d’un message sans équivoque : « Mesdames les voleuses, vous n’êtes pas les bienvenues. » Sur ces clichés, on reconnaît distinctement trois visages filmés par les caméras de vidéosurveillance des lieux, ceux de femmes semblant piocher dans les rayons du magasin. Montant estimé du préjudice : près de 2 300 € selon la gérante, Muriel Pezzutti.
Excédée, la commerçante pousse un coup de gueule et revendique son acte, en dépit de son caractère illégal. « J’ai voulu alerter mes collègues commerçants et les habitants du quartier. Ces voleuses se passent le mot entre elles », déclare Muriel Pezzutti, encore sous le choc face à l’ampleur du vol.
Des vêtements retrouvés le lendemain… dans un vide-greniers
Comble de l’ironie : le lendemain, une partie des vêtements dérobés refait surface… dans un vide-greniers du quartier Sesquières, à Toulouse. « Cette fois-ci, c’était un homme qui vendait ce qu’on m’avait volé », observe-t-elle, amère. « On ne se fait pas justice soi-même, mais l’envie ne nous manque pas », lâche la commerçante, qui a aussitôt déposé plainte.
Au-delà de s’en remettre aux forces de l’ordre, Muriel a également alerté l’association des commerçants de Plaisance-du-Touch, en montrant les clichés des voleuses présumées à ses membres. « Je ne veux pas qu’ils se fassent avoir », justifie-t-elle.

Grâce aux caméras de télésurveillance de son magasin, Muriel constate que le trio avait déjà sévi dans sa boutique quelques jours plus tôt. « Elles ne craignent rien », s’indigne-t-elle. Révoltée par ce qu’elle perçoit comme une forme d’impunité, elle décide alors d’agir frontalement : afficher les visages des suspectes en pleine vitrine. Une pratique certes illégale, mais de plus en plus courante chez les commerçants désabusés de subir des larcins à répétition.
« Si elles portent plainte, au moins je saurai qui c’est »
La commerçante a bien conscience de l’illégalité de sa démarche. L’article 226-1 du Code pénal proscrit toute atteinte à l’intimité d’autrui, notamment par l’enregistrement ou la diffusion de l’image d’une personne dans un lieu privé sans son consentement. Théoriquement, un tel affichage peut valoir un an de prison et 45 000 € d’amende, auxquels s’ajoute un éventuel délit de diffamation publique en cas de non-respect de la présomption d’innocence. Sans décision de justice condamnant les voleurs, le commerçant encourt également une amende de 12 000 €.
Un risque que Muriel accepte. Elle refuse de reculer : « Si elles portent plainte contre moi, au moins je saurai qui c’est ! Je les attends de pied ferme. » Même si elle admet que les chances de retrouver les coupables sont minces. « Elles ne reviendront pas. Et tant que l’enquête n’est pas terminée, je ne pourrai pas être indemnisée. » Résultat : environ 2 300 € envolés, et aucune certitude de compensation à ce jour.