Un tir accidentel, un drame conjugal à Fonsorbes. Accusé de tentative d’homicide, un professeur en aéronautique incarcéré depuis 11 mois évoque un geste involontaire et demande de libération.
« C’était un accident. Je n’ai jamais voulu la tuer », assure Jean-Claude. Professeur dans un centre de formation aéronautique, il est incarcéré depuis onze mois. Jean-Claude s’exprime devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse.
« Votre parcours n’est pas celui d’un délinquant. Il est étonnant de basculer dans la violence comme ça », attaque d’emblée une magistrate. Au cœur de l’été 2024, à Fonsorbes, dans l’Ouest toulousain, cet homme a tiré sur sa femme, la blessant grièvement au foie et au rein. « Je ne mesurais pas l’ampleur des blessures, ni les conséquences. C’est la première fois qu’on me dit qu’elle a eu 35 jours d’ITT. Je sais que c’est très grave, je m’en excuse », ajoute le prévenu de 62 ans. Assisté par son avocat, cet individu sans casier judiciaire espère obtenir une libération sous contrôle judiciaire.
Sa vie en danger
« Il représente un danger. Il pourrait faire pression sur les témoins », s’oppose l’avocat général. Les faits se sont déroulés le 8 juillet 2024. Ce soir-là, Jean-Claude et son épouse reviennent d’un apéritif chez le voisin. Manifestement alcoolisé, le couple se dispute rapidement à propos d’une salade de lentilles. Il avait l’impression d’être rabaissé constamment. « Ses enfants le soutiennent », explique Me Jacques Levy, en défense.
Ce soir-là, les mots ne suffisent plus : la colère prend le dessus. Cet enseignant, qui n’avait jusque-là jamais fait parler de lui, se saisit d’un fusil de chasse. Deux coups retentissent dans le quartier. Son épouse, infirmière sans histoire, est touchée au ventre. Elle s’effondre, laissant échapper beaucoup de sang. À l’arrivée des secours, sa vie est clairement en danger. Le rapport médico-légal confirme la gravité extrême des lésions. « Aujourd’hui encore, elle en subit les conséquences », rappelle la juge.
« Mon client n’a pas voulu la tuer », martèle Me Jacques Levy. Il affirme avoir saisi l’arme pour l’effrayer, version appuyée par l’un des deux témoins. Il a tiré en l’air. Puis, comme il venait de se faire opérer du genou, il a chuté en arrière. En se relevant, de manière totalement involontaire, le second coup est parti. Celui-là a touché la victime », insiste l’avocat. Jean-Claude a d’ailleurs prévenu immédiatement son voisin médecin, ainsi que les secours et les forces de l’ordre.
» Aucune dangerosité », selon l’avocat de la défense
« Vous aviez quand même descendu le fusil quelques jours plus tôt. Et vous portiez plus de deux cartouches sur vous au moment de l’altercation… Je sais que votre épouse et vos enfants vous ont pardonné, mais les psychiatres soulignent une certaine impulsivité », constate la magistrate.
L’avocat de la défense s’appuie sur le rapport du même psychiatre, qui ne remarque aucune dangerosité chez cet individu. S’il est libéré, il ira vivre chez son fils à plus de sept heures de voiture de la Haute-Garonne, annonce son représentant.
La décision sera rendue ce vendredi 13 juillet. Chétif, les cheveux tirés en chignon, Jean-Claude promet de respecter ses obligations. « Je sais que je serai jugé pour mes actes, mais rien n’était volontaire. »