Depuis l’été 2021, les habitants d’un immeuble de la rue Edmond-Rostand, à Toulouse, vivent sous la pression d’une famille dont le comportement agressif a provoqué plaintes, départs et des tensions durables. Le voisinage attend désespérément une expulsion pour retrouver la paix.
Le petit portail gris, noyé dans la végétation, passe presque inaperçu. « C’est un miracle qu’il ne soit pas cassé. Il a déjà été endommagé à quatre reprises depuis le début de l’année », lâche Michelle. Derrière, la porte d’entrée de cet immeuble de la rue Edmond-Rostand, à Toulouse, n’a pas encore été réparée. Un homme a brisé une vitre d’un coup de pied afin de pénétrer à l’intérieur. Il a été filmé par la caméra de vidéosurveillance du hall. « Depuis quatre ans, les parties communes se dégradent et l’atmosphère est devenue étouffante », poursuit cette retraitée.
En juin 2021, une famille s’est installée dans l’appartement numéro 7. Depuis sa terrasse, Michelle a vue sur leur balcon. La vieille dame, au visage aussi doux que celui de Mamie Nova, loue son T3 pour 500 euros par mois depuis 2016. L’endroit avait toujours été calme, jusqu’à l’arrivée de ses nouveaux voisins.
« Nous avons connu le premier différend en moins d’une semaine : un homme, que je présume être le père, a jeté sa cigarette dans l’herbe sèche. Je lui ai signalé qu’un tel geste pouvait provoquer un incendie. Il m’a répondu que je n’étais pas concierge, puis il m’a insultée », raconte la résidente. Ce jour-là, Michelle a déposé sa première plainte.
Les mois suivants, la situation n’a fait qu’empirer. La retraitée, à chaque rencontre, a été prise pour cible : « Dès que je sortais, j’entendais ‘vieille pute, on va tuer tes chats’. Les membres de cette famille ont balancé dans ma direction des patates, des œufs durs, des boules de pétanque et des parpaings. Je n’ai jamais compris pourquoi ils étaient si méchants avec moi. Un jour, ils m’ont accusée de racisme. Je leur ai simplement dit, en m’agaçant : ‘Vous ne comprenez pas le français ?’ Je l’aurais dit à n’importe qui… »
« Ces personnes sont dangereuses… »
Son fils a été frappé par ses voisins, à deux reprises. Au total, Michelle a porté plainte sept fois. Et elle n’est pas la seule à vivre dans la peur. Ses voisins sont eux aussi victimes des colères répétées de la famille. Un à un, ils quittent l’immeuble, affirme la retraitée. Une agente immobilière, en charge de plusieurs appartements jusqu’en 2022, confirme que cette famille faisait « vivre une horreur au voisinage ». « Ils avaient transformé l’appartement en face du leur en squat. Ces personnes étaient dangereuses. »
Michelle aime tellement son logement que rien ne la fera partir. Pour affronter les événements, elle a écrit une saga : Tom et Louise et les hurlants de la rue Edmond-Rostand. Dans ces trois tomes — le quatrième est en cours d’écriture —, la vieille dame retrace ces années passées dans la peur. Sur X (ex-Twitter), elle se confie régulièrement sur son quotidien. Une forme de thérapie.
En octobre, elle a cru que les problèmes s’étaient envolés en même temps que la famille. « Elle a fini par déménager mais elle a gardé les clefs du logement et a installé des personnes qui cassent tout », glisse-t-elle, dépitée. L’agence immobilière en charge de la location indique qu’une procédure a été lancée pour reprendre possession des lieux dès janvier 2024. « Nous sommes en attente du concours de la force publique », précise-t-elle. Michelle espère alors pouvoir achever sa saga et retrouver une existence apaisée.