Un couple de Haute-Garonne est poursuivi par deux organismes de crédit qui leur réclament 80 000 € suite à l’installation de panneaux photovoltaïques sur leur toiture. Les deux retraités n’ont pourtant jamais rien signé. Ils racontent l’arnaque dont ils sont les victimes.
Pour André et Dominique, le récit est encore éprouvant et les nuits sans sommeil récurrentes. Bien que victime, le couple culpabilise. « C’est allé trop vite, on n’a rien vu venir », résument ces deux retraités du sud de la Haute-Garonne qui cherchent à se sortir d’une arnaque à l’installation de panneaux photovoltaïques.

Au départ, en juin 2023, André effectue une simple recherche internet sur les primes à l’installation de panneaux photovoltaïques. Il laisse ses coordonnées téléphoniques. « Au moins quatre entreprises m’ont rappelé dès le lendemain. Une seule sortait du lot et présentait des références. Un homme est venu chez nous avec une documentation qui semblait sérieuse », raconte le septuagénaire.
Le couple pense alors remplir avec lui un dossier pour l’éligibilité à la prime de l’État. « Nous étions quand même un peu réservés. Ce monsieur s’est alors énervé, disant qu’il était resté trois heures avec nous, qu’il avait perdu son temps. On a fini par signer en laissant notre avis d’imposition, notre relevé d’identité bancaire. Pour nous, c’était juste pour savoir si nous avions droit à une prime. On n’avait encore rien décidé, on voulait budgétiser notre projet », complète sa femme Dominique.
« On ne sait toujours pas quelle entreprise a fait les travaux »
Dès le lendemain, le commercial les rappelle en disant que leur dossier était validé et que leurs panneaux photovoltaïques seraient installés la semaine suivante. « Dans les 48 heures, nous avons décidé de faire valoir notre droit de rétractation. Tout allait trop vite ». Le couple envoie un mail, une lettre suivie, une lettre recommandée qui leur reviennent.
Deux jours plus tard, une personne se présentant comme membre d’un organisme de contrôle leur propose, « pour ne pas perdre d’argent, de les mettre en contact avec une société sérieuse d’Occitanie qui installera les panneaux ». André et Dominique lui font confiance, ils pensent avoir affaire à un organisme certifié par l’Etat. « Des ouvriers sont venus dans un fourgon blanc ne portant aucun sigle. Ils ne parlaient pas français. On ne sait toujours pas quelle entreprise a fait les travaux ».
À la fin de la pose, ce même interlocuteur leur dit alors qu’ils vont être mis en contact avec un organisme de crédit pour le premier prélèvement qui interviendrait six mois après la pose. « Nous n’avions jamais signé de contrat », pestent-ils.
Des malfaçons deux mois après la pose
Inquiet, le couple doit aussi faire face à des malfaçons. Deux mois après la pose, des tuiles ont bougé, des infiltrations ont fait des dégâts sur deux plafonds.
Ils découvrent qu’ils sont engagés, sans avoir rien signé, pour deux crédits de la même somme (26 900 € pour 14 panneaux et leur pose) auprès de deux organismes différents, Domofinance et Cofidis. « Nous n’avons même pas de facture, ni de document accusant réception des travaux. Nos signatures ont été imitées. Nous avons eu affaire à des crapules qui ont profité de notre vulnérabilité », remarque le couple qui a porté plainte pour faux.
Ils sont désormais interdits bancaires
Ils font également opposition sur leur compte, ce qui déclenche un incident de paiement et donc un fichage auprès de la Banque de France. Avec les intérêts, les deux organismes de crédit leur réclament, chacun, 40 000 euros et les ont assignés. L’affaire doit être jugée en octobre 2025 par le tribunal de proximité de Muret.
André et Dominique ont eu le réflexe de contacter rapidement l’association de défense des consommateurs, UFC Que Choisir qui les accompagne dans leurs démarches. « Sans ça, je n’aurais pas tenu, je n’arrivais plus à contrôler mes angoisses », témoigne Dominique.
Les conseils d’une association de consommateur
« Il y a clairement une absence de consentement selon les articles L111-1 et L121-1 du code de la consommation. Le professionnel qui se présente doit être clair, précis, loyal et laisser une information sur un support durable, sinon le contrat est nul. Quant aux sociétés de crédit, elles sont coupables de ne pas avoir vérifié qu’il y avait bien eu une demande de crédit, elles ont fait preuve de négligence », explique Driss El Hilali, juriste à l’UFC-Que choisir Toulouse.
Il conseille : « Avant de s’engager, il est urgent d’attendre. Un professionnel qui vous presse ou qui se fâche est un professionnel à fuir. Il vaut mieux s’informer auprès de la direction départementale de protection des populations (DDPP) ou s’adresser à une association de consommateurs en amont qui peut vous indiquer les pièges à éviter ».