Après 13 années de fonctionnement, la résidence services seniors Ovelia, située dans le quartier des Minimes à Toulouse, fermera ses portes fin 2025. Un litige avec les propriétaires a mis fin à l’exploitation du site. Les 58 locataires doivent être relogés. Une situation vécue comme un traumatisme par les familles.
Christine est abasourdie. Sa mère, âgée, habite depuis 2021 la résidence Ovelia des Minimes. Comme elle, 57 autres personnes âgées autonomes vont devoir quitter les lieux d’ici fin décembre 2025.
« On leur avait promis un lieu pour vieillir sereinement »
« C’est un bouleversement. On leur avait promis un lieu pour vieillir sereinement, avec leurs repères, leur médecin, leur quartier. Aujourd’hui, on leur dit de faire leurs cartons comme s’ils étaient étudiants. »

La nouvelle a été annoncée lors d’une réunion le 3 juin, à la résidence. Dans la foulée, un courrier officiel a été adressé aux familles. Le motif ? « Une dégradation accélérée du bâtiment », selon la direction d’Ovelia, mais aussi « l’échec de quatre années de négociations » avec les propriétaires, des investisseurs individuels. Une justification jugée floue par plusieurs familles.
Un montage immobilier fragile
Le cas de la résidence Ovelia des Minimes révèle les limites d’un modèle fondé sur des montages complexes, mêlant démembrement de propriété (usufruit / nue-propriété), incitations fiscales et investisseurs multiples. « Ces montages ne garantissent aucune pérennité. Les résidents ont moins de droits que des locataires classiques », dénonce Christine.

Dans les faits, Ovelia exploitait les lieux via un bail de longue durée. Le contrat initial de 9 ans n’a pas été renouvelé, et faute d’accord, l’opérateur s’est résolu à cesser l’exploitation. « C’est une première, et j’espère une dernière », assure Éric Lapierre, président-fondateur d’Ovelia, joint par « La Dépêche ». Il s’est rendu sur place pour rencontrer les résidents.
Un déménagement intégralement pris en charge
Dans l’immédiat, Ovelia propose aux résidents de rejoindre d’autres établissements du groupe : rue Plana, quartier des Argoulets dans une résidence neuve, à Lardenne, ou à Croix-Daurade. « Une trentaine de personnes devraient aller aux Argoulets. C’est une résidence de standing supérieur, mais nous nous engageons à maintenir les tarifs », précise Éric Lapierre. Le déménagement sera entièrement pris en charge par l’opérateur.

Mais ces solutions ne convainquent pas tout le monde. La résidence des Argoulets, par exemple, est mal desservie par le métro. « On leur a vendu la proximité, la vie de quartier, et on leur impose de partir à l’autre bout de la ville. C’est inacceptable », insiste Hélène, dont le père, 95 ans, réside aux Minimes.
La mairie et les élus interpellés
Alertés, la mairie de Toulouse, le Conseil départemental et plusieurs députés ont été saisis. Les familles réclament une solution dans le même secteur géographique, sans déracinement. « Ce ne sont pas des jeunes actifs, mais des personnes âgées. Le moindre changement a des conséquences énormes », rappelle un proche.
D’autant que certaines familles pointent un taux d’occupation non optimal. « 86 appartements, et tout n’était pas rempli. Ils n’ont même pas essayé d’envisager une autre solution », déplore un résident.
Et maintenant ?
Officiellement, les résidents peuvent rester… mais uniquement jusqu’au 31 décembre. La structure fermera ensuite. « Nous mobilisons toutes nos équipes pour accompagner ce changement dans les meilleures conditions », insiste la direction d’Ovelia. Mais malgré ces assurances, le sentiment de brutalité domine chez les familles.

« Ma mère pensait finir ses jours ici. Elle a 87 ans, elle était rassurée, entourée, et là on lui arrache tout », souffle Christine.