Ce jeudi 18 juin à Toulouse, la Nuit du Bien Commun revient pour une nouvelle levée de fonds en faveur d’associations locales. Mais derrière les sourires et la générosité affichée, l’événement divise. Une trentaine de collectifs dénoncent l’influence idéologique de son fondateur, Pierre-Édouard Stérin, et appellent à la mobilisation
Ce jeudi 18 juin, le centre des congrès Pierre Baudis, au cœur de Toulouse, accueillera une nouvelle édition de la Nuit du Bien commun. Un rendez-vous désormais bien identifié dans le paysage philanthropique français, mais dont la dimension caritative ne suffit plus à faire l’unanimité. Tandis que sept associations s’apprêtent à y défendre leurs projets, une trentaine de collectifs citoyens contestent sa tenue. En cause : la trajectoire idéologique de son initiateur, Pierre-Édouard Stérin, et la porosité supposée entre solidarité sociale et dessein politique.
À première vue, ces soirées ont tout du modèle vertueux. Depuis sa création en 2017, cette soirée de levée de fonds au format dynamique met en relation associations locales et mécènes potentiels. Chaque structure sélectionnée – elles étaient 56 à candidater cette année à Toulouse – dispose de quelques minutes pour exposer son impact et sa vision. En face, des dizaines de donateurs lèvent la main : 100 €, 500 €, parfois bien davantage. Mercredi 11 juin, à Rouen, l’édition normande a permis de récolter plus de 440 000 euros en une soirée.
Mais derrière ce dispositif efficace se cache une architecture plus controversée. Pierre-Édouard Stérin, milliardaire exilé fiscal, est soupçonné d’instrumentaliser ces événements pour nourrir un projet politique. Son « plan Périclès », révélé par plusieurs médias et collectifs, ambitionnerait de former et financer des candidats proches de la droite radicale en vue des municipales de 2026. De quoi nourrir les inquiétudes de nombreux acteurs associatifs toulousains, qui dénoncent une tentative d’influence idéologique masquée sous les atours de la générosité.
« Les associations sont de toutes les couleurs politiques… »
À Toulouse, la tension est montée d’un cran. Plusieurs collectifs de gauche appellent à se mobiliser devant le centre des congrès dès 18 heures. La préfecture, anticipant des débordements, a interdit tout rassemblement dans le secteur. Un prestataire de l’événement confirme : « On nous a dit que c’était polémique et que ça risquait d’être mouvementé. »
Face aux critiques, les organisateurs se défendent. Stanislas Billot de Lochner, cofondateur de l’événement, rejette tout lien avec une entreprise politique : « Pierre-Édouard Stérin n’a plus aucun rôle opérationnel. Il n’a jamais financé directement l’événement. » Il affirme que les associations soutenues sont « de toutes les couleurs politiques », et que le succès ne se dément pas. L’an passé, 600 personnes étaient présentes ; ils espèrent cette année en accueillir 500 ce jeudi.
Reste que le soupçon persiste. Pour les opposants, la générosité ne saurait servir de paravent à une stratégie d’influence idéologique, aussi feutrée soit-elle.
À Toulouse, ce 18 juin, la Nuit du Bien Commun promet donc, une fois encore, d’osciller entre célébration du tissu associatif et confrontation politique. Une soirée caritative sous les projecteurs — et sous surveillance.