Dans son nouveau roman « J’aime pas le jaune », La Sande explore avec tendresse et lucidité les liens familiaux. Une plongée bouleversante dans l’intime, portée par une écriture cinématographique.
Dix ans après le succès d’ « Un corps étranger », La Sande fait un retour très personnel à l’écriture. L’autrice toulousaine revient avec un nouveau roman, « J’aime pas le jaune » (éditions Il est Midi). Dans cette histoire familiale vibrant d’émotions, elle met en scène un trio : Juliette, une pétulante grand-mère de plus de 90 ans qui perd la tête et partage son toit avec ses deux petits-enfants : Joe, menuisier, et Marie-Laure, serveuse. En 166 pages, le lecteur assiste à leurs amours, leurs tracas quotidiens, leurs doutes, et leurs élans de tendresse ou de colère, leurs impuissances… On rit, on pleure, on se dispute, on trinque avec eux comme dans une comédie à rebondissements.
La Sande a profité du covid et de petites pauses entre deux jobs pour se consacrer à l’écriture. « C’est compliqué quand on travaille », reconnaît-elle. Parallèlement, l’autrice est secrétaire médicale à la clinique Pasteur. « Je suis la plus heureuse du monde là-bas dans une équipe incroyablement géniale », glisse-t-elle.
Sa grand-mère, sa mère, sa sœur, son père, son frère…
Pour le personnage de la grand-mère, La Sande s’est directement inspirée de sa propre aïeule. « Elle avait Alzheimer et est décédée durant l’écriture du livre. Je l’adorais. C’était un tout petit bout de bonne femme comme celle que je décris dans le livre. Elle était à la fois loufoque, extrêmement douce et très cultivée. » Dans son livre, l’autrice décrit aussi une relation aimante et évidente entre Joe et Marie-Laure, le frère et la sœur, elle aussi inspirée de sa propre famille, frappée par une succession de drames. « Il m’est arrivé vraiment des grosses claques récemment avec le décès de grand-mère il y a quatre ans. Celui de ma mère, il y a trois ans. Ma sœur, il y a un an d’un glioblastome. Mon père, il y a six mois d’une crise cardiaque. Et mon frère, au mois de mai d’un cancer du pancréas. C’était très troublant. Très troublant. C’est pour ça que j’ai demandé expressément aux éditions Il est Midi d’utiliser, en couverture, une photo de mon frère et moi qui courons quand nous étions petits », précise l’autrice.
Une hécatombe qui l’a profondément marquée sans entamer son enthousiasme ni son amour de la vie. Les mêmes qualités animent ses personnages hauts en couleur. « J’aime tous mes personnages. J’espère que cela se sent, s’interroge La Sande. Je les aime avec leur part d’humanité, de blessure dont nous sommes tous construits car la vie n’est pas lisse. »
Une écriture cinématographique
Dans « J’aime pas le jaune », l’autrice revient aussi sur la relation à la mère. « Ce n’est pas mon histoire, je vous rassure, je ne suis pas Cosette du tout, mais je me suis inspirée de beaucoup de cas que j’ai croisés et un peu du mien bien sûr », explique-t-elle. Son roman se déroule aux Minimes, le quartier où elle vit, et des commerçants (dont le boucher) se retrouvent dans ses pages.
Fidèle à son style visuel, La Sande donne vie aux scènes avec une précision presque cinématographique. « J’écris comme je vois. Je vis avec mes personnages. À chaque fois qu’un roman s’est achevé, je me suis sentie excessivement gênée et malheureuse parce que c’est comme si j’arrêtais de les faire vivre. » Le lecteur, lui aussi, peut ressentir ce vide une fois le livre refermé.
La Sande rêve d’écrire un troisième livre, « mais je vais être obligée d’attendre la retraite cette fois », plaisante-t-elle. On patientera.