Opéré en août 2023 d’une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche qui l’avait privé du Mondial, l’ouvreur international (26 ans ; 40 sél.) du Stade Toulousain, qui retrouvera l’Union Bordeaux-Bègles samedi 28 juin en finale du Top 14, n’a jamais vraiment retrouvé l’intégralité de ses moyens mais s’est accroché.
Romain Ntamack sait depuis un petit moment qu’il va devoir repasser sur le billard pour nettoyer son articulation et les bouts de cartilage qui s’y promènent mais la durée de l’arrêt (6 semaines) qui accompagne l’intervention l’a incité à repousser l’échéance à cet été. Quitte à manquer la tournée en Nouvelle-Zélande qu’il rêvait pourtant de faire avec les Bleus, pour privilégier le club dans lequel il est né.
Un altruisme salué par Ugo Mola vendredi soir à Lyon, sitôt la qualification en finale validée. Interrogé sur Paul Graou, le manager « rouge et noir » a bifurqué au fil de sa réponse pour élargir sur la charnière. « Depuis quelques semaines, Paul et Romain ramassent. Fort. On en parlera à la fin de saison, je ne sais pas ce qui arrivera la semaine prochaine mais Romain Ntamack, dans 99 % du temps, c’est un garçon qui se serait fait opérer et qui aurait géré sa fin de saison comme beaucoup le font ici ou là. »
Un luxe que le manager qu’il est sait apprécier à sa juste valeur, quand bien même il ne peut pas compter sur un élément à 100 % de ses capacités. « Le mec, parce qu’il sait qu’on a besoin de lui, il ne lâche pas. Il ne joue pas, peut-être, avec toutes les qualités qu’on lui connaît mais il ne lâche pas et ça, c’est honorable. »
« J’ai fait infiltrations sur infiltrations »
Joueur de caractère, comme il l’a prouvé en renversant la finale 2023 après avoir été dans le dur, Ntamack serre les dents. Quelques minutes après avoir écarté Bayonne, le N.10 n’a pas caché qu’il vivait une saison galère. « Je m’accroche. C’est vrai que depuis le début de la saison, c’est quand même un point qui me handicape. J’ai fait infiltrations sur infiltrations pour ne pas me faire opérer et être opérationnel. »
Les précédentes semaines, l’irritation était palpable à l’évocation de son cas. « Tout au long de la saison, on va dire que c’est quelque chose qui m’a plutôt marqué mentalement parce que je n’arrivais pas, physiquement, à trouver le rythme, admet-il. Je n’arrivais pas à débloquer ce genou donc c’était plutôt embêtant. »
À Lyon, le ton était en revanche beaucoup plus détendu. En raison de la qualification, c’est évident, mais surtout parce que son genou le fait un peu moins souffrir, comme le sous-entendait l’absence de son imposant bandage lors de la mise en place de vendredi, contrairement à celle du Matmut Atlantique un mois et demi plus tôt.
« Je me sens plutôt bien, l’infiltration fait plutôt effet donc on va dire que ça me trotte moins dans la tête. Cela ne m’embête pas trop, il reste un dernier match, je vais serrer les dents et je me ferai opérer après. » Et quoi de plus beau qu’un Brennus sur lequel surfer pour donner du sens à tous les sacrifices consentis et aux douleurs traversées ?