Le chanteur et acteur Bertrand Belin poursuit avec bonheur son parcours de romancier. Son dernier livre fera l’objet d’une lecture mise en sons mardi soir au théâtre Sorano, en ouverture de la nouvelle édition du Marathon des mots.
Vous qui maniez les mots avec délectation, participer au Marathon des mots est une formule qui vous convient bien ?
C’est vrai que dans le domaine sportif, je ne me serai jamais lancé dans cette entreprise mais avec les synapses j’ai l’air de pouvoir avancer plus loin qu’avec les muscles mais on verra, c’est trop tôt pour refaire le match !
Match qui se déroulera sur la scène du théâtre Sorano ce mardi soir…
J’étais déjà venu en 2014 avec Éric Reinhardt pour une lecture musicale et cette fois il y aura également un environnement sonore grâce à Thibault Frisoni qui travaille sur mes albums. On va faire un travail à la fois sur la base d’archives sonores et de musiques improvisées. C’est présenté comme une lecture musicale, c’est un peu vrai, c’est aussi une lecture mise en sons.
Votre dernier livre, « La Figure », de par son caractère autobiographique, a-t-il une importance particulière sur votre parcours ?
Il y a une part d’ignorance et d’innocence aussi dans mon travail d’auteur. J’écris ce que je veux, donnant la forme que je veux lui donner sur le moment, puis, le livre fait sa vie. Ce n’est pas comme si je passais à autre chose, mais j’ignore un peu tous des effets que peut produire ce livre, je m’en rends compte parce que j’ai des retours de certains lectrices et lecteurs, et puis de certains critiques, mais dans ce fourmillement de publications, j’avoue que je ne suis pas ça de très près. Le livre fait sa vie, et j’en oublie presque par quoi j’en suis l’auteur.
« La Figure » et vos nouvelles chansons (nouvel album en octobre) mettent en lumière votre passion pour l’écriture, les mots, la langue…
Oui, j’y accorde beaucoup d’importance. Grâce au livre ou au disque, mes textes ne sont pas éphémères : ils peuvent être consultés, relus, réécoutés. Ce n’est pas une volonté de laisser une trace pour l’éternité, je n’ai pas cette prétention, mais j’aime l’idée que ce soit durable. C’est comme monter un bâtiment en espérant qu’il dure longtemps. Il faut choisir les bonnes matières, avoir un plan ou une certaine idée de la solidité des matériaux. Donc je sélectionne avec prudence, avec précision tout ce que j’écris. Cela dit, l’écriture vient aussi d’un élan, d’un souffle – une forme d’oralité, entre le jaillissement spontané et la précision du geste.
Un nouveau disque paraîtra en octobre, 20 ans après le premier…
C’est fou, je n’avais pas pensé à ça ! Il est sorti en 2005, en effet, et le nouveau s’appelle « Watt ». Comme les watts qui sortent de la chaîne hi-fi, comme on disait quand on était plus jeunes : “Elle fait combien de watts ta chaîne ? J’ai 80 watts dans la bagnole ! Envoyez les watts quoi ! » (rires) Et en même temps c’est cette interrogation de sonorité anglophone qui est tout à fait légitime : « What ? » C’est un mot qui a aussi des vertus graphiques, qui a sa propre vocalité. Et c’est enfin un roman de Beckett. Un personnage aussi.