Ce mardi, le magasin Toto Tissus de la rue Saint-Rome a définitivement fermé ses portes après une année de rebondissements. La tristesse était palpable chez les employés comme chez les clients.
Trois coupelles de bonbons trônent en bout des caisses. Une petite attention de David Mazac, le responsable de Toto Tissus de la rue Saint-Rome, à Toulouse, pour les derniers et rares clients, à quelques heures de la fermeture définitive du magasin. Cette fois, et après une année de sursis, la fermeture se fait à bas bruit, sans pancartes ostentatoires. David Mazac a juste accroché un discret panneau sur la porte d’entrée : » Toto, dernier jour, merci à tous nos clients » écrit en lettre noires sur fond jaune. Le cœur lourd, David fume cigarette sur cigarette, à l’entrée de la boutique. Ce soir, au clap de fin, il met fin à une carrière de 31 ans au sein de l’enseigne. » C’est une page qui se tourne, c’est très très très dur », reconnaît le responsable, amer et ému.
« Une activité en or »
Incompréhension, colère et tristesse, ce sont les sentiments qui dominent chez les employés qui font tourner la boutique en ce dernier jour. » C’est râlant, car ici il y avait tout pour que ça marche : l’emplacement, la clientèle, le personnel de métier et pourtant, en 7ans, les nouveaux repreneurs ont flingué la boîte », ne décolère pas Josy, la représentante du personnel. Même constat chez Max, Max, employé depuis plus de dix ans chez Toto Tissus, qui taille une dernière pièce pour une habituée : « Cette activité, c’est de l’or. Ce n’est pas normal que l’on en soit arrivé là. C’est un non-sens », explique-t-il, dans une colère froide.
« Tout Toulouse venait ici acheter des coupons »
Même sentiment de gâchis parmi les rares clients qui déambulent dans cette caverne d’Alibaba à moitié vide, comme Valérie, venue spécialement de la région Montauban pour ses ultimes achats. » Je venais déjà ici quand j’étais toute petite avec ma mère et ma grand-mère couturière. Ici, je suis connue et même reconnue par le personnel qui est toujours de bon conseil », glisse-t-elle. Dans le même registre, Chantal raconte que la première fois qu’elle est venue dans ce magasin, elle était adolescente et accompagnée de sa mère. » À l’époque, cela s’appelait Toto Soldes. Tout Toulouse venait ici acheter des coupons, du fil… C’est très dommage que ça ferme, c’est une perte », déplore cette cliente.
Les employés regrettent » le silence radio de la direction. On remet les clefs au commissaire-priseur jeudi matin mais nous n’avons toujours pas nos lettres de licenciement. »