Depuis une quinzaine de jours, une unité de sécurité un peu spéciale arpente quotidiennement les couloirs de deux résidences privées toulousaines. L’Unité de Tranquillité et de Sûreté de l’Immobilier (UTSI), joue ainsi un rôle multiple, à la frontière de la médiation, du gardiennage et des forces de l’ordre.
Il est 17 h quand la petite équipe débute son service. Après un court briefing de la part de leur chef de service Dimitri, les agents de l’Unité de Tranquillité et de Sûreté de l’Immobilier (UTSI) s’équipent rapidement. Gilets pare-balles, lampes tactiques, menottes, trousses de premiers secours… Pour ces agents de sécurité, tout est nécessaire afin d’assurer le bon fonctionnement de leur mission. « On ne sait jamais vraiment sur qui ou quoi on va tomber. Tout peut très bien se passer, comme on peut devoir faire face à quelques pénibles » explique Dimitri.
« Nous sommes les premiers en France à faire cela »
Active depuis un peu plus de deux semaines, l’UTSI est chargée d’assurer la surveillance de deux résidences privées situées à Toulouse. « Nous sommes un service de proximité. Nous ne sommes ni des vigiles, ni des gardiens, ni des médiateurs… On est un peu tout ça en même temps » explique Rémi Vincent, président de la société, sur le chemin de la première résidence.

« C’est très novateur comme service. Nous sommes les premiers en France à faire cela » remarque-t-il. « Nous voulons offrir un service premium à nos clients. Lorsque les résidences privées constatent des problèmes de tranquillité, ils peuvent faire appel à nous de 17 h à une heure du matin. Nous intervenons en moins de 45 minutes et nous ne partons pas tant que la tranquillité n’a pas été retrouvée » détaille-t-il. Un service qui coûte environ 25 € par mois à chaque locataire, soit 300 € à l’année.
Dans les faits, si l’UTSI est effectivement un nouveau service, la surveillance et la tranquillité des logements étaient déjà assurées dans le domaine des bailleurs sociaux par le GITeS (Groupement Interquartiers de Tranquillité et de Sûreté). Une branche voisine de l’UTSI, avec qui elle partage, par ailleurs, certains dirigeants ainsi que leurs locaux.
« Sur cette résidence, on a déjà retrouvé des couteaux, des balances… »
Arrivés sur la première résidence, les agents commencent leur vérification quotidienne. Ils fouillent les placards techniques, vérifient les lieux communs et les parkings et constatent les dégradations présentes. « Sur cette résidence, on a déjà retrouvé des couteaux, des balances… Le plafond a aussi été brûlé au briquet par des jeunes » liste Dimitri.

Aujourd’hui, un couteau sans manche a été retrouvé aux abords de l’immeuble, mais aucune trace de potentiels gêneurs à l’intérieur. « Ici, il s’agissait d’un groupe de jeunes. On a discuté avec eux, on les a gentiment délogés et cela a porté ses fruits. En arrivant, on les a vus, mais ils ne viennent plus dans cette résidence » se félicite Dimitri.
« On voit très clairement la différence »
Sous l’œil attentif de quelques locataires, les six agents terminent leur ronde. « C’est très bien d’avoir cette option. Je trouve cela dommage d’en arriver là, mais c’est une bonne chose qu’ils passent » explique une habitante. « On voit très clairement la différence » explique de son côté un membre du syndic de la résidence. « Cela fait quelque temps qu’on n’a pas croisé ces jeunes. La présence dissuasive de l’UTSI marche. On n’a plus de dégradations ou de déchets » conclut-il.
D’autres résidences à sécuriser
« Pour nous, c’est une réussite » explique Dimitri. « Au début, quand on est intervenus, il y avait un peu de provocations. Quelques insultes aussi. On a débarqué dans leur vie, dans leur univers pour leur demander d’arrêter. Cela a été un peu brutal » se remémore-t-il.
« Ensuite, au bout de quelques jours, ils ont fini par ne plus venir. Je me souviens que, lorsque l’on est sortis du bâtiment après leur avoir demandé de partir, des habitants des résidences voisines ont ouvert leurs fenêtres et nous ont remerciés. Ils voulaient bénéficier de la même chose ». D’ici la fin de la semaine, deux nouvelles résidences vont s’ajouter à la liste des lieux à sécuriser. Plusieurs autres pourraient rapidement suivre dans le courant de l’été.
Bientôt des « opérations piscines » pour l’UTSI ?
Alors que la saison estivale a démarré avec de fortes chaleurs, les résidences privées dotées de piscines vont connaître un pic de fréquentation. Entre les résidents et leurs invités, il n’est pas difficile d’imaginer à quel point elles vont être plébiscitées. Mais elles pourraient aussi êtres victimes de leur succès, et attirer des profiteurs extérieurs à leur résidence.
« On a déjà reçu des appels pour venir sortir des squatteurs qui se baignent dans des piscines privées » explique Dimitri. « Elles vont toutes commencer à réouvrir dans la semaine prochaine, donc on s’attend à une hausse des appels. On ne sait pas encore bien comment on va pouvoir procéder. Si des « pénibles » restent au milieu de la piscine, il va bien falloir aller les sortir. Mais c’est une chose à laquelle nous réfléchissons » conclut-il.