En mars, le directeur du Théâtre de la Cité, Galin Stoev, en place depuis 2018, annonçait son « départ anticipé » à l’été 2026, déplorant une baisse des financements de la part des collectivités. « Aujourd’hui, il m’est à nouveau demandé de réécrire le projet de direction pour lequel j’ai pourtant été renouvelé il y a un an par Madame la ministre de la Culture pour mon dernier mandat », regrettait-il dans un communiqué. Une prise de position dans laquelle il indiquait également que « le théâtre se retrouve à annuler La Biennale – festival international des arts vivants ».
Mi-avril, dans une communication titrée « clap de fin », ce festival confirmait à son tour la fin d’une aventure commencée en 2019, « à la suite du non-renouvellement des soutiens financiers de l’ensemble des collectivités territoriales ». Alors que sa troisième édition s’est tenue à l’automne 2024, la Biennale, qui rassemblait 38 partenaires et structures culturelles du territoire, a appris, lors d’un rendez-vous de cadrage du Théâtre de la Cité, l’arrêt de l’ensemble de ses subventions publiques. Cela représentait, pour la dernière édition, 352 000 euros : 152 000 euros de Toulouse Métropole, 90 000 euros de l’État, 60 000 euros du Département et 50 000 euros de la région.
21 000 spectateurs, 154 représentations dans 32 lieux en 2024
« Le budget global de la dernière Biennale était de 1,2 million d’euros. Plus de 800 000 euros étaient assurés par le budget des différentes structures. Mais ces soutiens permettaient d’assurer la coordination d’un événement assez unique, mettant autour de la table des structures très différentes dans un dialogue coopératif où chacun avait la même voix », souligne Serge Borras, le directeur de la Grainerie, l’un des porte-parole du festival.
On retrouvait en effet, parmi les acteurs de la Biennale, le théâtre Sorano, Odyssud, la MJC Pont des Demoiselles, Les Abattoirs, Altigone ou Le Bijou. Au total, plus de 21 000 spectateurs avaient assisté à 154 représentations dans 32 lieux et en espace public en 2024, avec 103 artistes de 11 nationalités impliqués. « On avait même un dispositif de médiation, baptisé Faire corps, qui a réuni environ cent personnes d’une grande diversité. Au bout de trois éditions, ce n’est pas si mal. »
« Il ne faut pas perdre le lien avec certains quartiers, certaines communautés »
« Déçu » par cette décision, Serge Borras reconnaît cependant que les collectivités devaient faire des choix. « Elles ont opté pour la sécurisation de l’avenir des opérateurs, des structures indispensables à l’écosystème culturel local », analyse-t-il. Le directeur de la Grainerie ajoute que les acteurs « ont sans doute aussi des responsabilités ». « Malgré les manifestations en dehors de la métropole toulousaine, peut-être n’avons-nous pas su assez bien mettre en avant cette territorialité au niveau du département et de la région. »
Interrogé sur la possibilité de poursuivre l’événement sans les aides publiques, Serge Borras répond clairement. « On aurait pu se dire que l’on revoyait le périmètre de nos saisons à la baisse pour continuer la Biennale. Mais cela aurait démontré, une fois de plus, que l’on peut se débrouiller. Et ce n’est pas le message qu’il faut faire passer », estime l’homme de culture, soulignant par ailleurs le démantèlement du secteur socioculturel depuis des années. « Il ne faut pas perdre le lien avec certains quartiers, certaines communautés. La culture doit rester accessible. »