Près de six mois après son inscription au titre des Monuments historiques en novembre dernier, la ministre de la Culture Rachida Dati a annoncé début mai le classement – le plus haut niveau de protection – du premier Concorde de série n°201. Une bonne nouvelle pour le musée aéronautique toulousain Aeroscopia, qui accueille plus de 220 000 visiteurs par an et dont l’appareil est un peu la star.
« On a eu une première salve avec son inscription et c’est reparti depuis son classement », reconnaît également Vincenta Molinero, la responsable promotion. « C’est difficilement quantifiable, mais on a fait une étude auprès du public et le Concorde est l’avion le plus populaire. Nous avons la chance d’en avoir deux, avec cet avion d’essai, qui est classé, et celui à l’extérieur qui est le dernier à avoir volé en 2003 », relève de son côté Matthew Lord, guide au sein du musée depuis son ouverture en 2015.
Pour Laurent, Aeroscopia était un passage obligé. « Toute la famille est passionnée d’aéronautique », explique-t-il, tout juste sorti de ce Concorde où l’on peut observer les installations techniques liées aux essais en vol. Une partie de la cabine est cependant aménagée car l’avion a servi à quelques déplacements présidentiels. L’habillage, avec beaucoup de formica, rappelle l’époque de son envol. « C’est un des grands défis technologiques des années 1960, à une époque où les États investissaient fortement dans ce type de projets. C’est aussi le début de la miniaturisation de l’informatique », éclaire Matthew Lord.
Les visiteurs étrangers conquis
Laurent, venu passer quelques jours à Toulouse depuis le Nord, passe actuellement son brevet de pilote, que son épouse possède depuis l’âge de 16 ans. Il se réjouit d’apprendre le classement de cet appareil. « C’est une bonne chose. Pour moi, c’est le plus bel avion du monde. Une réussite française, européenne. Ma femme a eu la chance de voler sur le Concorde », raconte-t-il,
Asalaïs et Kévin, un couple de jeunes Toulousains qui a saisi l’occasion des jours fériés « pour faire du tourisme local que l’on ne fait jamais », n’étaient pas non plus au courant de l’initiative de l’État français. « On n’y connaît rien aux avions donc on s’est dit que ce serait pas mal de commencer par ici », raconte Kévin en souriant.
Dans le hall, la boutique ou les espaces de visite, ils sont nombreux à profiter du beau temps de ce pont de mai pour découvrir le lieu et ses 44 appareils exposés dans la halle et sur les deux tarmacs. Anglais, allemand, espagnol, on entend un peu toutes les langues, bien que « la première clientèle étrangère reste espagnole, et notamment catalane », souligne Vincenta Molinero. Parmi eux, Francisco, Gimena et Jorge, des enseignants madrilènes qui encadrent un groupe d’étudiants. « C’est un avion iconique, mythique, avec cette forme si particulière. L’unique avion supersonique civil », admirent Francisco et Gimena.
L’exemplaire installé à l’extérieur attire également les regards et les touristes, au grand bonheur du musée, qui va pouvoir compter sur cette nouvelle visibilité pour renforcer son positionnement. « Ce classement est totalement en accord avec notre démarche de conservation », conclut Matthew.