Comme la météorite qui a anéanti les dinosaures, Jul tombe littéralement du ciel lorsqu’il arrive au Muséum de Toulouse. Auteur et dessinateur de bande dessinée, il est venu présenter l’exposition Silex and the City, tirée de la BD éponyme, qui s’ouvre ce week-end.
« J’ai découvert des équipes archi-passionnées, qui ont un lien organique avec le musée et le travail de muséographie a été très riche ces dernières semaines. Le travail du dessinateur est souvent solitaire et j’ai beaucoup aimé ce travail en équipe pour proposer quelque chose de neuf », assure l’artiste, « hyper content » du résultat.
« Dispersée au sein de la collection permanente du Muséum »
À la différence du Musée de l’Homme, à Paris, où elle avait été présentée en fin d’année dernière l’exposition est « dispersée au sein de la collection permanente du Muséum », comme l’explique Valérie Bernard, responsable de la saison culturelle. « Nous avons souhaité la faire entrer en résonance avec des spécimens que nous possédons. » On aborde par exemple les outils de la préhistoire, présentés comme les « couteaux suisses » de l’époque.
Le lieu dispose en effet d’une importante collection liée à la préhistoire qu’il souhaite mettre en valeur dans le cadre des Journées européennes de l’archéologie les 13, 14 et 15 juin. « Dès 1865, lors de son ouverture, le Muséum a été le premier à présenter des pièces avec la Galerie des Cavernes », rappelle ainsi Lucile, médiatrice culturelle.
Quand l’art du dessin se mêle à la science
Jul profite des déambulations pour poser sa marque en dessinant des personnages de Silex and the City sur différents supports, au grand bonheur des enfants en visite à ce moment-là. Pour lui, l’objectif de cette exposition est double. Dans un premier temps, faire découvrir les coulisses de la création d’une bande dessinée, une démarche que l’on peut mettre en parallèle avec le processus de taille d’un silex ou l’interprétation des représentations rupestres. Et dans un deuxième temps, un dialogue entre la science et l’humour.
Passé par le dessin de presse, l’artiste conserve en effet un œil aiguisé sur l’actualité qu’il s’amuse à traiter à travers des paraboles. « Je me suis aperçu que 40 000 ans, c’était le recul idéal pour traiter de sujets complexes. Comme les ombres ne sont qu’une projection de la réalité dans l’allégorie de la caverne de Platon, ce prisme de la préhistoire permet d’affronter des choses avec une certaine distance », illustre-t-il.
Plusieurs événements ce week-end
Agrégé d’histoire, l’auteur demeure un passionné et se réjouit de voir cette exposition dans un cadre comme le Muséum de Toulouse, d’autant plus à l’heure où la science est attaquée. « On est dans le régime des opinions, des vérités alternatives. Dans ce sens, ma BD a pris un virage politique qu’il n’y avait pas à l’origine, même si j’abordais des sujets de société. On ne se serait pas attendu à ce que la science soit autant remise en cause. »
Ce week-end, en parallèle des événements liés aux Journées européennes de l’archéologie, avec par exemple des démonstrations de taille de silex, le Muséum propose deux visites commentées par Jul, le samedi et le dimanche à 11 heures. L’occasion, peut-être, pour petits et grands de découvrir que chacun des personnages de sa série représente « un des aspects de [son] caractère ». L’auteur donnera également une masterclass ce samedi à 16 heures et échangera le lendemain à la même heure avec le préhistorien Marc Jarry, directeur adjoint scientifique et technique à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) Midi-Pyrénées.