Dans les années qui viennent, la Haute-Garonne ne sera pas épargnée par le réchauffement, avec des prévisions de +2,5°C d’ici à 2050 dans le département et même +2,8°C dans les reliefs pyrénéens. Un changement climatique que le territoire expérimente déjà depuis une dizaine de jours avec des températures caniculaires.
Pour Sébastien Vincini, président du Conseil départemental, cette réalité doit être prise en compte dans l’ensemble des politiques publiques de la collectivité. « Il y a une dette plus importante que la dette financière pour les générations à venir. C’est un défi à relever et malgré les contraintes budgétaires, la bifurcation écologique reste une priorité », affirme-t-il.
C’est dans ce contexte que le Département s’est engagé, depuis plusieurs années, dans la recherche de technologies visant à décarboner l’entretien des routes. Avec ses 6200 km, la Haute-Garonne est en effet le 4edépartement en termes de réseau routier. Et, au-delà du budget de 8 millions d’euros qui y est consacré chaque année, il s’agit aussi d’un poste important en matière de pollution.
Empreinte carbone divisée par deux
Or, sur ce point, la collectivité avance des chiffres particulièrement parlant depuis la généralisation, l’an dernier, des différentes techniques bas carbone dans ses appels d’offres. « En 2024, nous avons diminué de 50 % les émissions de gaz à effet de serre et avons réalisé 40 % d’économie d’énergie », assure Sébastien Vincini, se félicitant d’être « la première collectivité de France à le faire ». « Nous avons réduit notre empreinte carbone par deux en moins d’un an. »
Au cœur de ces résultats, des expérimentations menées depuis 2023, autour notamment d’un enrobé formulé avec un liant végétal, et un partenariat signé la même année avec le Laboratoire Matériaux et durabilité des constructions (LMDC) de l’Insa Toulouse et de l’Université Paul-Sabatier de Toulouse, plus gros laboratoire de génie civil de France.
Plus de 95 % des chantiers d’enrobés menés par le Département se font à des températures inférieures à 150°C, « des enrobés tièdes ou froids », et plus de 2 chantiers sur 3 utilisent des enrobés fabriqués avec des liants biosourcés.
Fissures dans les sols argileux
« Nous avons également mis en place une stratégie de surveillance et de diagnostic pour nos routes, très innovante, utilisant notamment l’intelligence artificielle, afin d’atténuer leur vulnérabilité », ajoute Sébastien Vincini. Car si l’entretien et la construction de route participent au changement climatique, les voiries sont en effet également victimes de ses effets.
Grâce à un travail mené avec le Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (Cérema), les services techniques du Département ont ainsi mis au point un outil de forage permettant d’injecter du lait de chaux dans les zones impactées par le retrait-gonflement des argiles. Accentués par les bouleversements climatiques, ces mouvements argileux créent des fissures.
Un procédé prototype expérimental a été validé et doit être industrialisé pour les chantiers menés au second semestre. Il doit permettre « de rénover les zones de revêtements concernées sans avoir à refaire l’ensemble des chaussées ». Le coût est également bien moins élevé. Si 5 % des routes départementales sont aujourd’hui concernées, c’est l’ensemble du réseau qui serait touché en 2050 par cette problématique.