Une révolution scientifique. En décembre dernier, une maquette taille réelle des miroirs du télescope spatial James-Webb a pris place dans les jardins de la Cité de l’espace. Elle a été entièrement pensée pour résister aux conditions météorologiques.
Cet objet de 6,5 mètres de diamètre représente avec fidélité les miroirs, principal et secondaire, du plus grand télescope jamais lancé dans l’espace. Réalisé à partir d’un modèle initial cédé par le CEA, il permet aux visiteurs de mieux prendre la mesure de l’exploit accompli.
Une maquette de huit mètres de haut
Installée à l’arrière des jardins de la Cité de l’espace, cette maquette monumentale atteint huit mètres de haut, avec un miroir principal de 6,5 mètres de diamètre composé de 18 segments hexagonaux et d’un petit miroir secondaire soutenu par des bras.
Ce dernier est positionné pour réfléchir les images captées vers les quatre instruments d’analyses, regroupés dans le boîtier au centre du miroir principal. L’ensemble permet une immersion directe dans cette prouesse d’ingénierie spatiale.
Grâce à un traitement thermo-laqué spécifique, qui imite le béryllium plaqué or du miroir original, la surface dorée de la maquette capte la lumière sans éblouir ni provoquer de surchauffe. Le public peut d’ailleurs s’approcher, admirer et circuler sous le bras du miroir secondaire.
Autour de la maquette, les visiteurs découvrent un dispositif pédagogique dédié : panneaux explicatifs, signalétique, et surtout un récit audio immersif (disponible via un QR code) retraçant l’histoire et les défis de ce projet hors normes.
Arrivé en pièces détachées à Toulouse en décembre dernier, l’objet a été stocké à Grenade le temps de finir tous les plans d’étude pour son intégration dans les jardins de la Cité de l’espace. Au total, Toulouse Métropole a investi près de 340.000 euros dans sa rénovation.
Un instrument à infra-rouge moyen
Successeur établi de Hubble, le James Webb Space Telescope est le plus grand et le plus complexe observatoire spatial jamais lancé. Conçu pour capter la lumière infra-rouge, il permet de scruter les recoins les plus lointains et les plus anciens de l’Univers.
Lancé dans l’espace le 25 décembre 2021, il explore les grandes thématiques de l’astrophysique moderne : formation et évolution des galaxies, trous noirs, naissance des étoiles, systèmes planétaires, exoplanètes…
Ce bijou technologique (dix milliards de dollars) est le résultat d’une collaboration internationale entre la NASA, l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’Agence spatiale canadienne (ASC). En France, sous l’égide du CNES, le CEA a participé à la réalisation de l’instrument.
Le lancement du télescope depuis Kourou a été tellement précis que la trajectoire a été quasi-parfaite. Les premières images étaient magnifiques. En effet, les performances sont meilleures que celles qui avaient été annoncées », a indiqué Pierre-Olivier Lagage (CEA).
À noter que dans un contexte politique difficile, où Donald Trump exige des milliards de dollars d’économies pilotées par une agence aux ordres d’Elon Musk, le télescope James-Webb affronte une demande de réduction de 20 % de son budget opérationnel.
Un trajet d’1,5 million de kilomètres
À la Cité de l’espace, la maquette est implantée à quelques pas d’Ariane 5, le lanceur qui a envoyé le télescope à 1,5 million de km de la Terre. Pour tenir sous la coiffe du lanceur, l’objet a été replié comme un origami spatial.
Ce n’est qu’au cours du trajet que James Webb a entamé sa métamorphose. L’ouverture du pare-soleil géant (21×14 m), les 4 et 5 janvier 2022, fut l’un des moments les plus critiques de la mission. Cette manœuvre avait échoué deux fois lors des tests au sol.
Réalisée avec succès dans l’espace, elle permet de protéger et de maintenir le télescope à -230°C, condition indispensable pour observer dans l’infra-rouge. Les 6,7 et 8 janvier 2022, les miroirs ont été à leur tour déployés pour atteindre leur configuration finale.
Inscrite dans les temps forts du printemps et de l’été, la maquette à taille réelle fait également écho au nouveau film IMAX projeté à la Cité de l’espace, Deep Sky, l’aventure du télescope James Webb, qui retrace sur écran géant les défis techniques et humains liés à sa construction.
La maquette est installée dans les jardins de la Cité de l’espace, à quelques pas d’Ariane 5. © Margot Venier/L’Opinion Indépendante
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