Plusieurs enseignes ont fermé ces dernières années, laissant des locaux vacants. Comment décririez-vous la situation actuelle du centre commercial en termes d’occupation et de fréquentation ?
Françoise Delor : La fréquentation est en constante progression. On a une belle progression, qui peut même être une progression à deux chiffres sur certaines semaines ou certains mois. Donc, c’est plutôt très positif. On est dans un bel élan. Pour ce qui est de l’occupation, je sais la sensation que ça fait quand on rentre dans le centre, sur un couloir avec un certain nombre de vitrines vides. Mais il faut savoir que le centre est occupé entre 70 et 80 %, en termes de surface. Notre objectif, c’est évidemment d’être occupé à 100 %, mais on n’en est pas si loin que ça. Donc il faut faire la part des choses entre la sensation que l’on peut avoir dans une partie du centre, qui est effectivement un peu plus désaffectée, et les autres parties qui fonctionnent bien.
Françoise Delor. © Inès Desnot / L’Opinion Indépendante
En 2021, Ikea s’était installé dans la galerie marchande, avant de fermer boutique en 2024, pour s’installer quelques mètres plus loin, dans la même rue. Quel est votre regard sur ce départ ?
C’était un accord. Les choses se sont faites comme elles devaient se faire. Ikea est venu sur un bail précaire, donc ce n’était pas un bail définitif. Et quand ils ont cherché à s’installer définitivement en centre-ville, ils avaient une contrainte, c’est qu’ils voulaient avoir l’espace livraison sur la même hauteur que le magasin. Donc, on a étudié différentes solutions ici d’abord, avant toutes les possibilités, sans trouver une issue qui leur convenait parfaitement. Donc, ils sont partis, mais ils ne sont pas partis loin, parce que justement, le quartier, la fréquentation, et leur expérience aux Boutiques Saint-Georges était très positive.
A contrario, quelles sont les « boutiques locomotives » du centre commercial, dont la pérennité est aujourd’hui quasi-assurée ?
On ne va pas se mentir, la locomotive principale, c’est le supermarché. Depuis le mois de juillet 2024, Intermarché a repris la suite de Casino. Et aujourd’hui, c’est un supermarché qui fonctionne bien, qui a de beaux projets de rénovation. Donc, voilà, la locomotive principale, et c’est normal, c’est l’alimentaire. Après, dans les boutiques, on a des zones qui fonctionnent bien. On a notamment la zone food, située sur la partie extérieure. C’est aussi une locomotive. Et après, on a des enseignes comme Normal et New Yorker. Évidemment, comme le New Yorker des Boutiques Saint-Georges est le seul du centre-ville, il se démarque.
Vous avez évoqué l’hypermarché. La différence de fréquentation est-elle flagrante depuis que l’enseigne Intermarché a pris la relève de Casino ?
Oui, clairement. Casino était vraiment en difficulté quand ils se sont arrêtés. Pendant de longues années, Casino a été une locomotive pour le centre. Mais là, ce n’est pas le magasin du centre qui a eu une difficulté, c’est l’enseigne nationale. Donc, sur les dernières années, ils n’ont pas fait les investissements qui étaient nécessaires. Un commerce, ça s’entretient, ça se modernise. Ils n’ont pas fait ces investissements-là. À la toute fin, les approvisionnements et les prix n’étaient pas cohérents par rapport au marché. Et forcément, les consommateurs sont lucides. Aujourd’hui, avec Intermarché, on a une offre qui est beaucoup plus structurée, un magasin qui a eu beaucoup de travail fait, même s’il y a d’autres choses en prévision, et surtout une politique tarifaire qui est très compétitive. Cette arrivée a vraiment fait une différence, pour les commerces qui sont autour aussi.
© Inès Desnot / L’Opinion Indépendante
Pour en revenir à l’occupation du centre commercial, comme évoqué, différents locaux sont vacants. Quelles ouvertures sont prévues prochainement ?
Malheureusement, tout ne se signe pas aussi vite qu’on le souhaite. Mais des projets, il y en a plein. Les équipes de commercialisation travaillent beaucoup là-dessus. On a une salle de sport qui doit ouvrir. Je ne suis pas encore autorisée à dire son nom, mais c’est une enceinte de sport nationale. Ensuite, on a aussi une politique dans le centre qui est de faire venir des indépendants, leur permettre de tester un concept, et si ça marche, de le développer. Par exemple, on a fait ça avec My Home My Dear, qui a d’abord ouvert une petite boutique en précaire, et qui a ensuite pris une plus grande boutique et l’a agrandie pour y faire des univers séparés. On lui a donné la possibilité de s’installer et de créer son concept, qui est un concept qui marche très bien. C’est une boutique indépendante comme en plein cœur du centre-ville, mais dans une galerie commerciale.
© Inès Desnot / L’Opinion Indépendante
Donc, on travaille à la fois sur des enceintes nationales parce qu’on est un centre commercial, et qu’on a besoin d’enceintes de ce type-là, mais on travaille aussi avec des structures plus petites pour leur permettre de faire des tests. Globalement, il y a un certain nombre de projets en cours, même si ce n’est pas assez avancé pour en parler. On se concentre essentiellement sur la partie centrale, sur la réunification de quatre cellules, pour faire une très grande cellule. On se concentre aussi sur la partie en face, pour rhabiller ce cœur. Une fois que les grosses cellules seront remplies, normalement, le reste devrait aussi se remplir plus facilement.
Plus globalement, quels sont vos objectifs principaux pour Les Boutiques Saint-Georges dans les cinq prochaines années ?
Être rempli à 100 %, même si on sait très bien qu’il y a toujours du frictionnel. C’est-à-dire qu’il y a un cycle de vie dans les commerces, dans tous les centres commerciaux, même ceux qui sont très remplis. Donc, on va dire s’approcher du 100 % de remplissage et continuer notre progression sur la fréquentation, mais ça se fera naturellement. On est en confiance. Quand les enseignes sont là, les gens viennent. On souhaite aussi poursuivre ce mix, où on est un centre commercial, mais pas un centre commercial de périphérie. On est un quartier dans le quartier, avec la vocation de répondre aux besoins des gens qui habitent autour, et donner du plaisir aux gens qui viennent faire du shopping.
Au-delà des commerces, vous misez également sur les animations. Par exemple, récemment, il y a eu les « journées bien-être » et des chocolats à gagner à Pâques. Souhaitez-vous faire perdurer ce type d’initiatives ?
Oui, absolument. On a une politique d’animation où on cherche à faire des choses qui se démarquent un petit peu, tout en gardant notre identité et en récompensant nos clients. Effectivement, on a fait la journée du bien-être au mois de mars, avec 10 professionnels qui sont venus dispenser des conseils à tous les gens qui le souhaitaient. Il y avait pas mal de prises de rendez-vous. On a réussi à trouver des créneaux pour les gens qui se sont présentés spontanément aussi. Pour Pâques, il y avait la « chasse aux œufs ». On n’avait pas caché les œufs, mais on a fait une distribution de chèques-cadeaux, avec un jeu de grattage sur preuve d’achat. On a aussi offert des chocolats.
En parallèle, on a un jeu mensuel qui s’appelle le Ca$h Où, un clin d’œil au petit bonbon noir, le Cachou. Tous les mois, on cache une enveloppe avec un ticket d’or dans la galerie. Pour l’instant, on l’a fait beaucoup dans les boutiques l’idée, c’est de dire aux gens qu’aujourd’hui, c’est le Ca$h Où. On leur donne un indice plus facile ou plus difficile. Ils sont très malins ! Je pense qu’il va falloir corser les indices. La première personne qui trouve l’enveloppe gagne 100 euros en chèques-cadeaux.
On a aussi d’autres projets. Au mois de juin, on va faire la fête de la musique. Ça fait trois ans qu’on fait ça, avec une scène ouverte. C’est-à-dire qu’on donne la possibilité aux gens de candidater et de venir se produire. On les met dans des conditions professionnelles. On a une scène, du matériel de sonorisation, et un ingénieur du son pour que ce soit pro. Et les candidats viennent se produire sur une demi-heure, une heure, selon leur choix. C’est un moment d’échange et de partage que l’on fait vivre à nos clients et aux passants. On a déjà fait ça deux fois. C’est une belle opération qui nous demande du travail. Et on va la renouveler cette année.
Pour conclure, quel message souhaiteriez-vous adresser à la clientèle toulousaine ?
Venez dans notre galerie, vous allez voir, c’est un petit quartier dans le quartier, et vous serez très bien accueillis.
>> À LIRE AUSSI : Haute-Garonne : quel bilan pour le Village Gaulois, après 25 ans d’ouverture ?