Quand la science devient un champ de bataille. Alors que le second mandat de Donald Trump s’annonce sous le signe du repli et du désengagement scientifique, la communauté académique américaine fait face à une crise sans précédent. Menacés par les réductions drastiques de financements, la censure des thématiques jugées sensibles et la précarisation croissante de leurs postes, de nombreux chercheurs se retrouvent contraints de quitter leur pays. En réponse, la Région Occitanie lance une initiative d’envergure pour les accueillir et préserver la liberté de recherche, en partenariat avec les universités de Toulouse et de Montpellier.
Une réponse à la régression scientifique
Les orientations de l’actuel pouvoir américain ont des conséquences immédiates et profondes pour les chercheurs :
Les conséquences sur le système d’enseignement supérieur et de recherche des États-Unis sont déjà préoccupantes : coupes budgétaires inédites, thématiques scientifiques sacrifiées, licenciements, restriction des visas, suppression de données scientifiques. »
Ce constat dressé par Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, traduit l’urgence d’une réaction solidaire à l’échelle internationale.
Dans ce contexte, la Région a ainsi décidé de soutenir l’initiative des universités toulousaines et montpelliéraines visant à accueillir une quinzaine de chercheurs américains dès ce printemps.
Un soutien financier inédit
Concrètement, l’Occitanie compte débloquer une enveloppe globale de deux million d’euros. Cette aide devrait permettre de couvrir en partie les salaires des scientifiques accueillis, les recrutements et l’équipement nécessaire à leur travail. L’objectif est donc d’offrir un environnement de travail stable et propice à la poursuite de leurs recherches, notamment dans des domaines clés tels que « le changement climatique, le développement des énergies renouvelables, la santé et les maladies émergentes, les sciences humaines et sociales ».
Ce dispositif s’inscrit dans la continuité d’une première initiative menée en 2017, lors du premier mandat de Donald Trump. À l’époque, la Région avait cofinancé avec l’État le programme « MOGPA » (« Make Our Planet Great Again »), permettant l’accueil de 11 chercheurs, dont huit en Occitanie pour un budget équivalent.
Préserver la rigueur scientifique face aux infox
Au-delà de l’accueil des scientifiques en exil, la Région annonce poursuivre son engagement en faveur de la défense de la rigueur scientifique contre la désinformation.
Afin de lutter contre la propagation des fake news […] la Région a mis en place de nombreuses actions de diffusion de la culture scientifique », peut-on lire dans le communiqué.
Ce sont alors plus d’un million d’euros qui sont investis chaque année pour financer des conférences, animations et interventions dans les établissement scolaires. Parmi les projets phares, « Science ou Infox », destiné à sensibiliser les jeunes aux faits scientifiques et à développer leur esprit critique.
Une vision européenne de la recherche
Pour Carole Delga, cette initiative ne s’arrête pas aux frontières régionales, mais s’inscrit dans une perspective plus large de coopération scientifique et de défense des libertés académiques.
L’Europe et la France doivent s’unir afin de trouver des ripostes efficaces pour préserver nos libertés », souligne-t-elle.
La démarche occitane se veut ainsi un exemple de diplomatie scientifique, qui renforce les liens internationaux et affirme une position claire contre l’obscurantisme politique.
Le manifeste Stand Up For Science : un appel à une politique cohérente
Dans cette dynamique régionale et nationale de soutien, la voix du collectif Stand Up For Science France résonne fortement. Fort de plus de 7.400 signatures, son manifeste appelle à « accueillir des scientifiques menacés en exil et appuyer tous les mouvements de résistance sur place », mais également à héberger les bases de données menacées de destruction aux États-Unis.
Aussi, le mouvement dénonce les politiques actuelles, à commencer par le programme gouvernemental « Choose France for Science », jugé trop limité et excluant « notamment les sciences humaines et sociales, pourtant en première ligne face aux dérives autoritaires ». L’analyse du mouvement est sans appel :
Ce dispositif ne fait en réalité qu’entériner une logique sélective qui vise à recruter une poignée de scientifiques sur des contrats à durée déterminée dans quelques domaines jugés prioritaires. »
Le collectif cite notamment l’instauration des « Contrats d’Objectifs, de Moyens et de Performance » (COMP), mis en place par le ministre Philippe Baptiste, qui favoriserait « la mise en compétition et un contrôle direct des établissements […] par le pouvoir politique ». En clair, Stand Up for Science France compte sur une réelle prise en compte de leur appel, demandant au gouvernement de « refonder un écosystème scientifique autonome, à l’abri des ingérences politiques et des dérives autoritaires ».
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