« Un outil majeur ». Le 30 avril dernier, François Bayrou a entamé un cycle de consultations avec les autres forces politiques autour de la proportionnelle, un mode de scrutin qu’il défend depuis deux décennies.
Si le sujet avait déjà été mis sur la table par les précédents présidents de la République, il n’a jamais été mis en place. Plusieurs partis soutiennent cette piste, reste à savoir quel type de proportionnelle choisir.
Contrairement au mode de scrutin actuel, majoritaire à deux tours, ce système électoral, dont les variantes sont nombreuses, permettrait d’accorder un nombre de sièges au prorata des suffrages obtenus par les partis candidats.
Il est utilisé en France principalement pour des élections locales et pour les élections européennes. Dans l’histoire politique française, la proportionnelle pour les élections législatives a été utilisée entre 1919 et 1928, entre 1946 et 1958, et en 1986.
Le 3 juillet 2017, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté d’instaurer une dose de proportionnelle à l’Assemblée nationale « pour que toute les sensibilités y soient justement représentées ». Un projet de réforme présenté le 9 mai 2018 a finalement été retiré le 29 août 2019.
Le principal argument avancé par les partisans de ce système électoral est de garantir une meilleure représentation de l’ensemble des sensibilités. Les modalités du scrutin majoritaire peuvent donner le sentiment à une partie de l’électorat que sa voix ne compte pas.
Les principales modalités possibles de scrutin proportionnel sont le scrutin proportionnel intégral (la proportion des votes se traduit presque parfaitement en nombre de sièges), la proportionnelle avec vote préférentiel et la proportionnelle avec panachage.
À gauche, les partis sont traditionnellement assez attachés à la proportionnelle. En revanche, les socialistes sont partagés car la situation stratégique a changé pour eux : en juin dernier, ils ont été majoritairement élus grâce au NFP.
De son côté, le RN, qui aurait plus de députés avec la proportionnelle aujourd’hui mais aurait plus de mal à obtenir une majorité absolue, propose une proportionnelle où 25 % des sièges reviendraient à la liste arrivée en tête.
« L’exclusion du Parti animaliste affaiblit la légitimité même de la réforme »
Dans une lettre ouverte datée du 7 mai, le Parti animaliste souhaite attirer l’attention de François Bayrou sur la nécessité « impérieuse » d’instaurer la proportionnelle intégrale et sur son exclusion « injustifiée » de la consultation lancée en avril dernier.
Depuis sa création en 2016, le parti politique a su mobiliser à plusieurs reprises près de 500.000 électeurs au niveau national, malgré des moyens très limités, et obtenir des élus municipaux et régionaux.
En omettant d’associer le Parti animaliste à votre consultation, vous privez près d’un demi-million d’électeurs d’une prise en compte de leurs voix et de leurs préoccupations dans la définition des nouvelles règles électorales qui les affectera pourtant pleinement », écrit-il.
Pour le parti politique, la proportionnelle intégrale offrirait un paysage parlementaire plus diversifié, une meilleure responsabilité démocratique des élus, « contraints de négocier et de coopérer », et un regain de confiance des électeurs.
S’appuyant sur un sondage Odoxa de décembre 2024, le Parti animaliste demande au Premier ministre de porter comme réforme la proportionnelle intégrale pour l’ensemble des députés, et d’inclure le parti politique dans sa consultation sur la réforme du mode de scrutin.
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