« On veut des soins, pas l’euthanasie ». Lundi 12 mai, l’Assemblée nationale a commencé l’examen de deux propositions de loi relatives à la fin de vie (soins palliatifs et « droit à l’aide à mourir »). Elles seront soumises à des votes distincts le 27 mai prochain.
À la veille du débat en séance publique, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau s’est, une nouvelle fois insurgé contre « un texte profondément déséquilibré ». Au micro de BFMTV-RMC, Catherine Vautrin a répondu : « Je pense exactement l’inverse ».
Tout ce qui me guide depuis le premier jour de ce texte est l’accompagnement des malades en fin de vie. On parle de personnes dont la situation est irréversible, qui sont habitées au quotidien par la souffrance », a déclaré la ministre de la Santé.
Et d’insister : « Avons-nous le droit de dire que l’on ne s’intéresse pas à ces sujet ? Dans ce cas-là, un certain nombre de nos concitoyens font le choix de partir en Belgique, au Luxembourg. Est-ce que c’est cela la réponse de la République ? »
Dans Le Parisien, Catherine Vautrin a précisé sa volonté de compléter le texte sur l’aide à mourir pour l’encadrer davantage. Elle va aussi déposer un amendement pour rétablir le délai de réflexion incompressible de 48 heures à compter de l’accord des médecins ».
Sur l’injection du produit, « le patient doit s’administrer la substance létale, cela doit être la règle » et « la réalisation par un professionnel de santé sera l’exception, même s’il y aura toujours la présence d’un soignant en cas d’auto-administration », a précisé la ministre de la Santé.
L’autre texte, celui sur les soins palliatifs, prévoit la création d’un « droit opposable ». Parallèlement, l’État investira « 100 millions d’euros de plus par an pendant dix ans et en formant mieux les professionnels », a rappelé Catherine Vautrin.
« Soigner, c’est aider à vivre, jusqu’au terme de la vie »
Au moment où les députés commençaient l’examen du projet de loi sur la fin de vie via deux textes distincts, Alliance VITA organisait un rassemblement à Toulouse pour alerter sur « le manque d’accès aux soins et l’euthanasie ».
Sur les allées Jules-Guesde, 46 hôpitaux de fortune incarnés par des militants en blouse de patients se sont déployés, le même jour, dans tout l’hexagone et à Fort-de-France pour « mettre en garde les parlementaires ».
Selon l’association, les milliers de témoignages recueillis dans le cadre de la campagne « J’attends des soins, pas l’euthanasie » confirment les difficultés croissantes d’accès aux soins des Français et leur attente consensuelle : que le système de santé soit réformé.
Dans ce contexte, l’obstination à remettre en cause l’interdit de tuer se révèle particulièrement irresponsable : l’euthanasie ou le suicide assisté ne sauraient constituer la réponse aux lacunes des politiques de santé publique », déplore Alliance VITA.
Auditionnée par la commission des affaires sociales en avril dernier, l’association a dénoncé « le caractère illusoire des critères qui prétendraient limiter l’accès l’euthanasie ». « Ils ne sont que des leurres pour rassurer à bon compte », a-t-elle martelé.
En s’étendant au sol, les manifestants ont voulu porter la voix de tous ceux qui se sentiraient poussés vers la sortie : « Quand une loi laisse entendre qu’il y a des vies indignes d’être vécues et des patients indignes d’être soignés, s’impose alors une société de l’exclusion ».
Munis de pancartes « On veut des soins, pas l’euthanasie », les militants ont appelé les députés à prendre conscience du « danger » de ce texte « pour la cohésion sociale et l’inclusion des plus vulnérables ».
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