Une plante aux mille vertus. Alors que le changement climatique bouleverse les traditions agricoles, l’Aloe Vera pourrait devenir un nouveau pilier économique pour la France, et en particulier l’Occitanie.
Frappée par des sécheresses récurrentes, la région voit ses vignobles et cultures traditionnelles souffrir. Sur les 32 vagues de chaleur enregistrées en Occitanie depuis 1950, 28 ont eu lieu entre 2001 et 2023.
Cultivée par une quinzaine de producteurs regroupés au sein de l’association Aloe d’Oc, l’Aloe Vera s’impose (peu à peu) dans les paysages de l’Aude et des Pyrénées-Orientales. Pérenne, cette plante prospère avec seulement un arrosage par mois en hiver.
Utilisée en cosmétique, pharmacie et agroalimentaire, la plante attire les industriels pour ses vertus hydratantes, cicatrisantes et anti-inflammatoires. Son marché, estimé à trois milliards de dollars en 2023, pourrait doubler d’ici 2030.
Pourtant, 90 % de la production vient d’Amérique latine ou d’Asie. L’Occitanie a donc une carte à jouer pour développer une filière locale. « L’Aloe produit à l’étranger n’a rien à voir avec ce que l’on produit ici », confie Laurent Maynadier, interrogé par L’Opinion Indépendante.
Et ce, d’autant que la demande en produits « made in France » explose : « Il y a un vrai marché en France. Contrairement aux vignes, les débouchés offerts par l’Aloe permettent de se lancer plus vite avec moins de volume », affirme le vigneron.
Une production (encore) marginale
Installés sur la commune de Fitou depuis 1996, Laurent et Marie Maynadier ont exploité jusqu’à 18 ha de vignes il y a cinq ans. Impactés par le changement climatique, ils ont décidé de se lancer dans la production de plantes aromatiques.
Parmi les essences que nous avons testées, certaines sont adaptées (romarin, le figuier de Barbarie, l’Aloe Vera). D’autres ne le sont plus. Le thym a besoin de froid pour avoir une dormance et se réveiller quand les températures augmentent », détaille le vigneron.
Avant d’ajouter : « À cause du manque d’eau, les pieds de thym meurent plus vite. Le romarin s’est adapté mais n’est pas viable. Enfin, la lavande et le lavandin ne supportaient pas la chaleur la nuit. Ils ne pouvaient pas se régénérer ».
Emblématique des paysages ruraux au Maroc, le figuier de Barbarie est quand à lui confronté à une menace sérieuse : la cochenille. Un ravageur qui provoque des pertes économiques considérables pour les agriculteurs locaux.
Il y a cinq ans, le Maroc a planté énormément de figuiers de Barbarie et a disséminé la cochenille. Elle est remontée tout doucement le long de la côte espagnole », explique le vigneron.
À choisir une plante, le couple a opté pour l’Aloe Vera. Pour vérifier les habillages et produits qui fonctionnent bien, Laurent et Marie Maynadier ont mis en place des points de vente avec des syndicats d’initiatives.
Aujourd’hui marginale, leur production représente environ 5.000 euros de chiffre d’affaires. Prochaine étape, la fabrication de boissons à base de gel d’Aloe Vera : « Nous sommes en train de développer un atelier de transformation pour pouvoir le mutualiser », annonce l’Audois.
Conscient qu’ils ne sont pas les seuls à souffrir du manque d’eau, les vignerons espèrent valider un modèle de conduite pour permettre aux agriculteurs voisins de transformer et de conditionner des jus.
Si l’Aloe Vera semble idéale, son exploitation n’est pas sans écueils : « Les hivers très froids et les excès d’eau peuvent anéantir les récoltes. Les sols pentus et bien drainés sont toutefois une bonne solution pour remédier aux fortes pluies », indique Laurent Maynadier.
Et de conclure : « Sur Fitou, nous avons installé un paillage de copeaux au sol pour protéger les racines. L’installation de serres nous a toutefois été refusée par la préfecture car trop proches du littoral ».
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