Une enquête pour possible « délit de marchandage » à l’encontre du quotidien régional La Dépêche du Midi est en cours, a indiqué vendredi le parquet de Toulouse, après la garde à vue début juin des dirigeants du groupe.
Plusieurs collaborateurs du journal parmi lesquels Jean-Nicolas et Jean-Benoît Baylet, dirigeants et fils de l’ancien patron et ministre Jean-Michel Baylet, ont été placés en garde à vue début juin à Toulouse, a indiqué le groupe La Dépêche du Midi dans un communiqué publié jeudi après une information du site d’investigation local Média Cités.
Un groupe déjà condamné en 2024
Le groupe, via son agence de presse Dépêche News, a été condamné en janvier 2024 pour « délit de marchandage » envers une ancienne journaliste, une condamnation devenue définitive après le rejet du pourvoi du groupe fin janvier 2025.
Le journal a été jugé coupable d’avoir, en 2017, embauché en CDI une journaliste précédemment en CDD, mais cette fois via son agence de presse interne Dépêche News, soit dans des « conditions sociales et salariales nettement moins favorables qu’avant » et que celles dont bénéficient les journalistes directement salariés par La Dépêche du Midi, selon le Syndicat national des journalistes (SNJ).
L’inspection du travail avait effectué en 2023 un signalement à la justice et notifié aux journalistes de Dépêche News « que le délit de marchandage était constitué », selon le syndicat.
« Cette enquête, engagée depuis près de trois ans, se distingue par son caractère à charge, son absence totale de dialogue contradictoire et des méthodes que nous jugeons attentatoires à la liberté de la presse », a dénoncé le groupe La Dépêche du Midi, précisant qu’une perquisition a été menée le 8 octobre 2024 au siège du journal, « en présence d’une dizaine de policiers ostensiblement revêtus de leurs brassards ‘police’ « .
Pas de décision « avant la rentrée »
Le procureur de la République de Toulouse David Charmatz a précisé vendredi à l’AFP que les investigations sur ce « dossier très technique » se poursuivaient au parquet et qu’aucune décision ne serait rendue « avant la rentrée » sur d’éventuelles poursuites.
« Depuis 10 ans, toutes les nouvelles recrues (à une exception près) sont sous statut » Dépêche News, avait relevé le SNJ, soit environ 65 embauches, contre 90 journalistes encore sous statut Dépêche du Midi.
« Nous dénonçons avec force cette stratégie de pression judiciaire, qui s’apparente à une volonté manifeste d’intimider notre rédaction et de fragiliser l’indépendance de notre média », ajoute La Dépêche.
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