Vélos qui roulent vite, piétons qui ne regardent pas en traversant… Ceux qui empruntent fréquemment la rue d’Alsace-Lorraine à Toulouse connaissent ces problèmes, parfois dangereux. Des désagréments qui se sont amplifiés depuis l’effaçage de la piste cyclable au mois de janvier 2025. Depuis, la cohabitation entre piétons et cyclistes n’est que plus compliquée, explications.
Marquage et effaçage
C’était un test qui avait fait débat : la mise en place d’une piste cyclable incitative, matérialisée par un marquage orange, le long de la rue d’Alsace-Lorraine. Piétons mécontents, cyclistes mitigés, Actu Toulouse vous le racontait à l’été dernier. Mais depuis, la situation a quelque peu évolué sur cet axe traversant de la Ville rose. La piste a été effacée fin janvier 2025.

« Elle faisait partie d’une expérimentation lancée à la demande d’un collectif d’habitants. Durant sa mise en place, nous avons réalisé des études, faits des comptages, nous sommes rendus sur place afin de réaliser des questionnaires auprès des utilisateurs, échanger avec les associations… sur le sujet de cette piste justement », explique Maxime Boyer, adjoint au maire. Désormais, une nouvelle phase du projet, l’effaçage de la piste, est effective jusqu’en juin. « À l’issue de cette période, nous referons une étude et verrons ce que nous décidons à long terme », complète l’adjoint.
À ce stade, il est trop tôt pour tirer toute conclusion quant à cette expérimentation. « Mais des premiers retours que nous avons, ce sont des avis assez personnels. Certaines personnes trouvent que c’était mieux avec une piste, d’autres préfèrent maintenant ».
Les piétons prioritaires
Mais alors que de tels problèmes émergent, les Toulousains ont tendance à oublier un aspect essentiel : « Depuis la rénovation de la voie lancée lors du mandat de Pierre Cohen, les piétons ont toujours été prioritaires, d’un bout à l’autre de la rue, de la façade gauche à la façade droite », ajoute Maxime Boyer.
Cela signifie qu’y compris sur la piste cyclable qui était matérialisée, les piétons avaient le droit de traverser n’importe où et n’importe quand. La question de la sécurité peut tout de même se poser, quant à la traversée de la voie.
Une rue interdite aux vélos ?
« La rue d’Alsace-Lorraine pose un réel problème. On l’a vu, avec une piste dédiée, les cyclistes ont tendance à rouler vite, voire trop vite. Mais en parallèle, sans piste, piétons et cyclistes circulent n’importe comment. Il faut trouver une vraie solution de cohabitation entre tous », concède Sébastien Bosvieux, vice-président de l’association 2 pieds 2 roues.

Certaines associations opteraient alors pour une déviation, voire une interdiction de passage. « Ce qui nous pend au nez, c’est une interdiction cycliste de la rue. Alors, il faut que la ville réfléchisse à des aménagements pour relier les Carmes à Jeanne d’Arc sans passer par cet axe-là. Mais on a conscience qu’il s’agit d’un problème insoluble, parce qu’en passant par les bords de Garonne ou les boulevards, on s’éloigne du centre », affirme le vice-président de 2 pieds 2 roues.
« Ce sont des choses qui seront discutées à la fin de cette deuxième phase d’expérimentation. Mais il existe déjà d’autres cheminements en passant pas la rue de Rémuzat, ou la rue Sainte-Ursule. Une chose est sûre, on ne va pas ‘détruire’ la rue Alsace pour refaire un aménagement », complète m’adjoint au maire.
Verbaliser, une solution ?
Autre solution plus facile et rapide à mettre en place : la verbalisation. La mairie de Toulouse l’a déjà expérimenté ces dernières semaines avec un contrôle plus important des cyclistes, dans le cadre du code de la rue, qui rappelle l’ensemble des bonnes conduites à adopter pour les usagers du domaine public.
« On n’est pas contre la verbalisation, mais lorsque les aménagements ne sont pas adaptés aux cyclistes — comme ici rue d’Alsace-Lorraine —, il est difficile de penser à l’efficacité des contraventions », complète 2 pieds 2 roues. Pour le moment, aucun contrôle de ce type n’a été effectué rue Alsace. « Le plus important pour nous reste la sécurité du plus vulnérable », termine Maxime Boyer.
Rendez-vous donc au mois de juin pour avoir le fin mot de cette fameuse piste !
Rue d’Alsace-Lorraine et rue de Metz : quelle stratégie ?
Il est important ici de rappeler que la rue d’Alsace-Lorraine a été rénovée sous une autre mairie. « La stratégie était différente de celle que nous mettons en place aujourd’hui », affirme Maxime Boyer. En effet, à l’époque, l’accent n’était pas forcément mis sur les vélos. « Sous le mandat de Jean-Luc Moudenc, nous avons rénové la rue de Metz en optant pour la matérialisation d’une piste cyclable au milieu d’une voie piétonne. C’est une approche quelque peu différente. Mais ce qui est intéressant, c’est qu’à terme, nous pourrons analyser ces deux stratégies et en tirer des enseignements pour la suite », ajoute l’adjoint au maire.