Le procès d’une fuite en avant. Dans un mois tout juste, la cour d’assises de la Haute-Garonne doit juger Charles M., âgé de 40 ans désormais, pour avoir tenté d’assassiner son ex-compagne en novembre 2022, à Saint-Orens-de-Gammeville, près de Toulouse. Armé d’une machette, il avait semé le chaos dans son sillage meurtrier. Retour sur l’affaire.
#1. L’attaque
Elle n’oubliera jamais cette matinée d’automne pluvieuse. Vers 10 heures, ce lundi 21 novembre, la gérante d’un salon de coiffure du centre-ville de Saint-Orens voit surgir à vive allure une Audi bleue immatriculée dans les Pyrénées Orientales. Rugissement de moteur, crissement de pneus. Un conducteur fonce littéralement sur un voiture stationnée devant le bar Le Saint O. Plus précisément, sur l’homme penché sur son coffre.
« Il a voulu l’écraser en s’encastrant dans la devanture, mais il a été bloqué par les marches du bar », témoignait auprès d’Actu Toulouse, la commerçante toujours sous le choc. Le chauffard s’extrait alors du véhicule machette en main. Il pénètre dans le bar. Les témoins l’ignorent encore mais la serveuse est dans son collimateur. C’est elle qu’il est venu éliminer. Son nouveau compagnon l’a échappé belle.
#2. Les coups de machette
Une poignée de secondes plus tard, le serveuse de 37 ans, ressort du bar en sang. Son ex-conjoint vient de lui porter plusieurs coups de machette, « à la tête, au dos, aux jambes », affirme alors le témoin qui la recueille dans son salon, situé à quelques mètres, sur le même trottoir.
Dans le bar, la boucherie se poursuit. Le furieux prend de nouveau pour cible le nouveau compagnon. Il reçoit un coup de machette dans le mollet, mais parvient à s’échapper par une porte de secours. Lui aussi se réfugie au salon de coiffure. « Il y avait du sang partout, c’était l’horreur », frissonne la commerçante qui leur a sans doute sauvé la vie.

#3. L’incendie
L’agresseur se débarrasse alors de son arme et se saisit d’un jerrican d’essence. Il asperge le bar de combustible et met le feu. Tandis que l’incendie se propage, la coiffeuse l’aperçoit alors « se mutiler au niveau de la gorge avec un cutter ». Nouvelle scène insoutenable.
Tentative de suicide avortée. Les gendarmes déboulent. Malgré de gros dégâts matériels, le sinistre est maîtrisé par les pompiers. Les trois victimes sont prises en charge par les secours. Toutes survivront à ce lundi de l’horreur.
#4. Le passif
Trois semaines avant son passage à l’acte sanglant, Charles M. avait déjà percuté le véhicule de son ex-compagne, mère de « plusieurs de ses enfants » avec laquelle il avait « plusieurs enfants » et dont il était séparé depuis plusieurs mois. Comme un inquiétant coup de semonce, ce que confirmait alors le procureur de la République de l’époque, Samuel Vuelta-Simon.
« Les gendarmes de Saint-Orens étaient déjà intervenus le 30 octobre 2022, suite à une collision entre les véhicules respectifs du couple séparé ».
La femme avait porté plainte. Mais d’après le patron du parquet de Toulouse, « l’enquête et les auditions de la victime et de l’auteur n’avaient pas permis d’en déduire que l’accrochage était volontaire ». Résultat : « L’homme avait été poursuivi pour une infraction routière de défaut de maîtrise ».
#5. Le procès
Actuellement détenu à la maison d’arrêt de Seysses, l’accusé n’est pas un inconnu de la justice. En 2017, il a été condamné par le tribunal correctionnel de Perpignan (Pyrénées-Orientales) à 2 ans de prison dont un avec sursis pour « importation, détention, transport, offre ou cession de produits stupéfiants ».
Une peine prononcée en comparution immédiate et assortie d’un mandat de dépôt pour des faits commis entre 2015 et 2016.

Un procès sur trois jours
La condamnation pénale pour stups vaut à l’accusé de comparaître en récidive, même si les faits sont de nature tout autre. « Tentative d’assassinat » et « destruction du bien d’autrui par moyen dangereux ». Le tout, aggravé par le fait qu’il se trouvait « sous l’emprise de stupéfiants », selon l’une de nos sources.
Le procès est audiencé sur trois jours, du lundi 26 au mercredi 28 mai 2025. Charles M. sera défendu par Me Pierre Debuisson, du barreau de Toulouse. Le couple de victimes, par Me Didier Bessadi, du barreau de Marseille. Cible de l’incendie, le patron du Saint-O s’est également constitué partie civile. Il sera représenté par Me Gilles Magrini, du barreau de Toulouse. Les débats seront présidés par Dominique Coquizart, présidente de la cour d’assises de la Haute-Garonne.