En juillet, cela fera quatre ans. Et en vitrine, toujours le même mot imprimé sur une feuille A4. « Votre boutique Longchamp déménage pour mieux vous accueillir, retrouvez-nous à partir du 28 juillet à notre nouvelle adresse rue de la Pomme. » C’était en 2021. Depuis, dans la rue des Arts, totalement réaménagée et située dans le « quartier du luxe » de Toulouse, le magasin demeure vide. Tandis que dans la rue de la Pomme, la marque française vit bien. Pour quelle raison est-elle partie ? Pourquoi le local qu’elle a quitté reste-t-il désespérément vide depuis trois ans?
Un emplacement à la hauteur du rang de Longchamp
Sous les deux arcades de l’ex-Longchamp, le rideau de fer intérieur, baissé, n’a pas bougé. Un vol plastifié l’occulte des fenêtres tandis qu’un petit tag bleu s’est forgé une place. Comme une impression de travaux interminables ou de local tout bonnement abandonné. « On n’a pas fait de travaux, on a déménagé il y a trois ans », répond rapidement une vendeuse travaillant désormais dans la rue de la Pomme, sans donner de précision.

Pourtant, rue des Arts, la marque, réputée pour ses sacs à main, se fondait parfaitement dans la masse. Bijouteries, restaurant Gaïa, Louis Vuitton jusqu’à il y a peu, et autres magasins haut de gamme occupent la rue voisine Croix-Baragnon. Au milieu de ces beaux locaux, Longchamp bénéficiait de 150 m². « Un espace plus grand que la moyenne », souligne Olivier Arsac, adjoint au maire chargé du commerce à Toulouse. Qu’est-ce qui aurait donc bien pu pousser la marque à mettre la clé sous la porte ?
Une augmentation de loyer… trop élevée
D’après le président des commerçants de la rue Croix-Baragnon et ses alentours, Laurent Lopez, dont le commerce fait d’ailleurs face à l’ancien Longchamp, il n’y a pas de fumée sans feu. « Un local aussi bien situé, dans une des plus belles rues de Toulouse, qui n’est pas loué depuis aussi longtemps, ce n’est pas normal. Quand un local est vide pendant autant de temps, c’est que le prix ne correspond pas au marché », indique-t-il. À commencer par le tarif initial…
Contacté par Actu Toulouse, Longchamp n’a pas souhaité détailler les raisons de son déplacement. Mais selon des sources proches du dossier, le local anciennement loué par Longchamp aurait fait l’objet d’un héritage en division à une famille de frères et sœurs. Ces derniers auraient réclamé une augmentation de loyer trop élevé pour Longchamp qui, depuis, demande des indemnités d’éviction pour non-renouvellement du bail.
Toujours selon nos informations, le montant du loyer aurait atteint les 10 000 euros. Une somme exorbitante pour les éventuels repreneurs du lieu, qui avaient approché les bailleurs.
« On est à Toulouse, pas sur les Champs-Élysées »
Il faut rester dans le domaine du raisonnable. On est à Toulouse, pas sur les Champs-Élysées à Paris !
Quand bien même les travaux de piétonisation des rues Boulbonne, Croix-Baragnon, des Arts et à côté de Metz, lui confèrent cette image. D’après Laurent Lopez, dans le secteur, « c’est le seul à être resté vide si longtemps ». « L’exemple typique, c’est celui de Louis Vuitton. Il est parti en décembre et une réouverture est prévue en juin. »
La Ville de Toulouse aux aguets d’une situation « anormale »
Si lui regrette surtout le trou et le point noir que laisse le local vacant dans la rue des Arts, la Mairie, quant à elle, affirme s’y intéresser.
On surveille de près ces locaux vides. Il est évident que ce n’est pas souhaitable que ce local reste vide trop longtemps dans un secteur qu’on appelle Premium. Six mois, c’est normal, plus de trois ans, non. Ça atteint l’attractivité de cette rue et du petit quartier autour.
L’adjoint au maire assure alors avoir demandé à « prendre contact avec cette famille de propriétaires pour essayer de discuter de cette situation »…
Prix de vente ? Plus d’un million d’euros

Car elle a bien changé depuis le départ de Longchamp. Après plusieurs tentatives de locations – éphémères ou permanentes – échouées, les héritiers du local se seraient tournés vers la vente interactive. Depuis début avril, c’est le cabinet Camps & Charras qui gère cette sorte de vente aux enchères. Prix de départ affiché ? 1,2 million d’euros.
Finira-t-il par trouver acquéreur ? La mutation du quartier fraîchement rénové attirera-t-il de nouveaux intéressés ? « Nous, il nous tarde d’avoir quelqu’un qui reprenne le local et d’avoir un point de lumière », déclare Laurent Lopez au nom des commerçants voisins. Que cette jolie vitrine brille à nouveau…