Il est l’un des plus anciens quartiers de Colomiers, la deuxième commune de Haute-Garonne après Toulouse. Situé non loin de la très fréquentée N124, au sud ; et à deux pas des terrains de l’US Colomiers, au nord ; le Pelvoux se distingue par ses trois « barres » dont le crépi « rose » s’effrite sévèrement par endroits. Mais surtout, il est situé à moins d’un kilomètre à pied de la future station « Fontaine Lumineuse » de la ligne C du métro qui se construit à l’est. « Il va connaître une transformation importante », avait souligné la maire, Karine Traval-Michelet en mars dernier. Et pour cause, les trois « barres » des années 70 vont être détruites. À côté, un nouveau bâtiment commence à sortir de terre. Comment les habitants vivent-ils ce bouleversement ? Actu Toulouse est allée les rencontrer.
323 nouveaux logements à terme…
Aujourd’hui, le petit quartier de la cité des colombes se constitue de cinq bâtiments, dont ces trois « barres », qui sont propriété du bailleur social Altéal. Dans le cadre de ce renouvellement urbain, 38 logements seront réhabilités, 108 autres seront démolis.

À terme, 323 nouveaux logements seront mis à disposition :
- 95 logements sociaux en reconstitution de l’offre ;
- 30 logements en accession sociale ;
- 38 logements sociaux existants à réhabiliter ;
- 160 logements privés.
…avec du nouveau parking et des espaces verts
Un plan de rénovation global est prévu, et comprend également la voirie ainsi que les espaces publics. Les voitures rouges, blanches, noires et grises stationnées çà et là entre les bâtiments existants ne seront plus. Des parkings en sous-terrain sont prévus afin de « laisser la place à la nature, créer des îlots de fraîcheur », détaille Altéal.

« On va densifier avec des immeubles neufs, sous une forme octogonale, avec du stationnement en sous-sol », avait détaillé Karine Traval-Michelet.
Des cheminements pour piétons et cycles sont prévus, ainsi qu’une « boucle parcours santé, des espaces de jeu et de détente, des placettes centrales pour favoriser les échanges entre habitants », complète Altéal.
« Il n’y a plus grand monde ici »
Bernard, Abdel, Gabrielle font partie de ces locataires contraints de déménager. Bernard, par exemple, habite depuis 60 ans dans le quartier. Il réside dans la « barre » la plus à l’ouest, côté allée du Pelvoux. En ce début de mois d’avril, il se sent un peu seul. « Il n’y a plus grand monde ici », constate-t-il.
Et pour cause, la démolition des trois « barres » du Pelvoux va s’organiser par étapes. Les deux au sud, dont celle qu’occupe Bernard, tomberont les premières, à l’horizon « 2026 », projette Altéal. Viendra la phase 2, à l’horizon 2028, avec la destruction de la 3ᵉ et dernière « barre », la plus au nord.

Un relogement des habitants en deux temps
Les opérations de relogement s’organiseront, quant à elles, en deux phases, avec une première tranche de 72 logements entre 2024 et 2026 et une seconde, de 36 logements, entre 2026 et 2028.
« Des entretiens individuels ont été menés en 2024 par le service relogement d’Altéal auprès des habitants concernés par la première tranche de relogement afin de faire un point sur leur situation et être en mesure de proposer un logement correspondant aux situations et ressources des ménages », indique le bailleur social.
Un quartier qui paraît vide… ou presque
Lundi, il est aux alentours de midi. Le calme règne au Pelvoux. Entre l’allée du même nom et la rue Abel Boyer, les habitants se font rares. Quelques-uns discutent au pied de l’escalier, devant l’une des entrées. Un autre promène son chien dans le petit square, niché entre les trois « barres », où une petite aire regroupe toboggan et jeux à bascule. Elle aussi sera remplacée. Elle devra laisser place à un futur parc arboré.

Il faut lever la tête pour observer une rangée de fenêtres qui semblent toutes se ressembler, et dont les volets sont fermés.

Tous ? Non ! Ceux de Bernard sont bien ouverts au rez-de-chaussée. En attendant le passage de son infirmière, le Columérin de 78 ans observe depuis sa cuisine. Cette vue, il la connaît bien. « Ça fait 60 ans que j’habite ici. J’ai d’abord été au 3ᵉ, et puis je suis passé au rez-de-chaussée il y a sept ans. C’était l’appartement du concierge, explique-t-il.

Du neuf pour plus de confort
Quitter son vieil immeuble pour emménager dans un nouveau ? Bernard s’en réjouit. « Je vais avoir quelque chose de tout neuf, de tout beau. Ici, plus rien ne tient », lance-t-il en pointant les défauts.
Bernard est en fauteuil roulant. C’est tout juste s’il passe la porte de son appartement. « Je me cogne partout. À l’entrée de l’immeuble, il n’y a plus de rampe d’accès, je ne peux pas descendre. »

De gros problèmes d’accessibilité qui ne devraient plus exister. Son nouveau logement, aux dernières normes, devrait lui permettre d’avoir plus de confort, « avec une douche à l’italienne, et tout », sourit-il.
Une première résidence sort de terre
Reste à savoir quand il aura précisément lieu, ce grand déménagement… « On m’avait d’abord dit pour la fin de cette année. Je pense qu’il faut plutôt partir pour fin 2026, vu l’avancée des travaux… », observe-t-il.
Car à deux pas de là, sur le terrain qui borde le boulevard Marcel Dassault, un grand chantier a été lancé.

Ce lundi 28 avril, une nouvelle étape a été franchie. La première pierre de la résidence Dubreuil a été posée. Ici seront relogés les locataires de la première tranche dont Bernard fait partie. Cette première opération vise à reconstituer « 60 logements locatifs sociaux », détaille Altéal. Dans le détail, on y retrouvera 16 T2, 32 T3, 10 T4 et 2 T5.
Sa livraison est prévue pour fin 2026. Le budget s’élève à 11 millions d’euros TTC, financé par l’Agence Nationale de Renouvellement Urbain (ANRU), Toulouse Métropole et la Région.

« J’ai vu des gens pleurer »
Chez d’autres habitants, tout ce bouleversement n’est pas très bien compris. Abdel, 28 ans, vit dans l’appartement de sa mère. Et même si sa chambre « est un peu petite », cela le gène de quitter son immeuble. « J’habite ici depuis 2019. C’est un beau quartier. Je ne sais pas pourquoi ils le détruisent« , dit-il en promenant son chien dans le petit square.
Un peu plus loin, sur le trottoir, Gabrielle, 48 ans, discute avec Chérifa, la femme de ménage de sa résidence. « Je travaille ici depuis 2009 », fait-elle savoir. Alors, forcément, tout le monde la connaît un peu. « J’ai vu des gens pleurer parce qu’ils allaient être séparés. Ici, c’est un peu une famille. Mais d’autres sont aussi contents, car ils savent qu’il y aura de nouveaux aménagements. »

Pour elle, le changement a tout de même du bon. « Je préfère les nouveaux bâtiments. Il y aura des balcons, tout ça. »
« Nous, on sera les derniers à partir »
À ses côtés, Gabrielle, acquiesce. Elle est arrivée au Pelvoux en 2020 : « c’était tout juste avant le Covid », se rappelle-t-elle.

En cinq ans, elle avait pris ses petites habitudes. Mais pour elle, le déménagement n’est pas pour tout de suite. « On sera les derniers à partir. J’ai envie de rester dans le quartier. Mais plus rien n’est aux normes. Pour les personnes âgées, c’est compliqué. Et si j’avais un balcon, je pourrais faire pousser mes petites tomates », sourit-elle.
Après Dubreuil, une nouvelle opération
Après la résidence Dubreuil, une deuxième opération sera réalisée sur l’emprise foncière libérée par la première tranche de démolition. 35 logements locatifs y seront reconstitués. Une offre de relogements est prévue « pour les 36 ménages concernés par la deuxième phase de démolition », indique Altéal.
Gabrielle et Chérifa attendent avec impatience le résultat final, dans l’espoir que le Pelvoux puisse conserver son esprit « de petit village » columérin.