4 février 1944. Au 23, rue Saint-Etienne (aujourd’hui Croix-Baragnon), à Toulouse, la Gestapo perquisitionne l’imprimerie d’Henri Lion sur dénonciation. L’atelier, tout comme celui de son frère Raoul rue Romiguières, fournit de nombreux documents destinés aux clandestins. De ses presses sortent des faux papiers, cartes d’identité, livrets de famille, certificats, pour les personnes recherchées par les autorités et des titres de la presse interdite – L’Humanité, Combat, Le Populaire du Sud-Ouest, Libération-Sud, Le Patriote, L’Avant-garde… – et autres publications illégales. Parmi les employés arrêtés et internés à la prison Saint-Michel figure un apprenti conducteur typographe : Georges Séguy.
Résistant à 17 ans
Malgré ses 17 ans, c’est un résistant éprouvé qui fait office, depuis 1942, d’agent de liaison avec les organisations de la CGT, du Front national, des Francs-tireurs et partisans français (FTPT) et du Parti communiste, ce que la police ignore.
Le futur secrétaire général de la centrale cégétiste suit la tradition familiale, à l’instar de son père André, un des dirigeants des cheminots toulousains et de sa sœur Denise, s’engage naturellement dans l’action résistante.
Au printemps 1942, l’annonce de l’exécution de Pierre Semard, ancien secrétaire général du PCF et ami personnel des Séguy, renforce un peu plus ses convictions. Dans son autobiographie Lutter publiée en 1975, il déclare tout de go : » L’annonce de cette mort m’a déterminé à venger un homme comme lui « . Après trois semaines d’interrogatoire, il est transféré au camp de transit de Compiègne puis à celui de Mauthausen, en Autriche, le 26 mars. Affecté dans un premier temps à la carrière de Wienergraben pour remplir et transporter les wagonnets, il est atteint de pleurésie. Grâce à la solidarité de médecins et infirmiers antifascistes, il peut miraculeusement être soigné.
En janvier 1945, il regagne son Kommando et se fait passer pour un ouvrier métallurgiste. Au nouvel atelier d’aviation, il participe à diverses actions de sabotage. Libéré le 28 avril par la Croix-Rouge, il est évacué vers la Suisse puis rentre dans la Ville rose le 5 mai.
Une rapide ascension syndicale
Après avoir travaillé durant quelques mois au service abonnements du Patriote de Toulouse, Georges Séguy adhère à la CGT et commence sa carrière à la SNCF. Il y gravit rapidement les échelons et accède dès le printemps 1949 au secrétariat de la Fédération CGT des cheminots. En 1965, il devient membre du Bureau confédéral avant de se faire élire, deux ans plus tard, secrétaire général du syndicat. Il tient un rôle de premier plan au cours des grandes grèves de mai-juin 1968 qui débouchent sur les » accords » de Grenelle conclu entre le gouvernement Pompidou et les organisations syndicales et patronales (obtention d’une augmentation du SMIG de 35%, création de la section syndicale d’entreprise…).
Mathieu Arnal