Enclavé par le périphérique d’un côté, et la Garonne de l’autre, le quartier des Sept Deniers est surtout connu grâce à son célèbre stade, berceau de rencontres bouillonnantes en Rouge et Noir ! Un secteur ouest de Toulouse en pleine mutation depuis le lancement des travaux pour sa future station « Sept Deniers-Stade Toulousain » dans le cadre du chantier de la ligne C du métro. De quoi rebattre les cartes de la mobilité aux portes de Blagnac et faire grandir le quartier en construisant de nouveaux logements. Un changement auquel les habitants, représentés par le comité de quartier, sont très attentifs. Rencontre.
Un futur pôle d’échanges multimodal
Ce sera un grand changement pour les riverains, mais aussi pour les supporters. Dès la fin de l’année 2028, selon le calendrier Tisséo, ils pourront se rendre aux matchs en métro grâce à cette 3ᵉ ligne et ne plus subir les traditionnels embouteillages à chaque rencontre.
La future station est vouée à devenir un pôle d’échanges multimodal entre métro, bus et nouvelle vélostation. Une gare terminus pour les bus (notamment pour les lignes 70 et 110) est prévue, ainsi qu’un « parking de covoiturage d’une vingtaine de places », comme cela avait été rappelé lors d’une réunion publique il y a un an.
La ligne Linéo 1 rejoindra également la station. Les automobilistes pourront laisser leur véhicule à un parking-relais d’une centaine de places.

30 000 nouveaux logements le long de la ligne
Un chantier qui s’accompagne d’un grand projet d’urbanisme pour préparer l’arrivée de nouveaux habitants. Toulouse, bientôt 3ᵉ ville de France, connaît une vitalité démographique « qui n’est pas près de s’arrêter selon les prévisions », avertissait Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, il y a un mois.
Dans ce contexte de crise, 30 000 nouveaux logements doivent être bâtis le long des 27 km de la ligne C d’ici 2035. Et plus globalement, Toulouse Métropole s’est fixé un objectif de 7 500 nouveaux logements annuels en moyenne sur dix ans. Chaque année, ce sont 9 000 nouveaux habitants qui viennent s’installer sur le territoire.
Sur la séquence Sept Deniers : 1500 à 2000 logements
Et concrètement, dans le quartier ouest toulousain, comment cela va-t-il se matérialiser ? Six séquences d’aménagements, intégrant chacune trois stations, ont été définies. Ici, il s’agit de la séquence Sept Deniers/Ponts-Jumeaux/Blagnac pour laquelle travaille une équipe de maîtrise d’œuvre.
« On estime une production de 1500 à 2000 nouveaux logements qui pourrait s’étaler jusqu’en 2040″, précise Annette Laigneau, vice-présidente de Toulouse Métropole en charge de l’urbanisme et des projets urbains, contactée par Actu Toulouse. Des prévisions inscrites dans le Pacte Urbain, le document qui porte le projet urbain associé à la ligne C.
« Pour optimiser le fonctionnement de cette 3ᵉ ligne de métro, il est nécessaire d’intensifier la ville à plusieurs endroits, de favoriser l’arrivée de nouveaux emplois, de prévoir des maillages, d’intégrer la nature dans ces opérations. […] Nous avons lancé les études de maîtrise d’œuvre tout le long de la 3ᵉ ligne », complète l’élue.
Une première opération à l’étude…
Une première opération d’aménagement est déjà étudiée sous le nom de « Job 2 ». Le bien foncier concerné se situe en bord de Garonne, dans le prolongement de ce qui avait déjà été inauguré en octobre 2011, après la mutation du site de l’ancienne usine Job devenue un espace culturel.

« Il y avait eu une forte mobilisation à l’époque pour conserver le bâtiment. C’est aujourd’hui devenu un véritable cœur de quartier », analysent Vincent Bermond, Anne Péré et Jean-Philippe Lalande, membres du comité de quartier Sept Deniers.

….pour 650 nouveaux logements
« Une OAP [Orientations d’Aménagement et de Programmation, une composante du plan local d’urbanisme qui exprime les ambitions et la stratégique d’une collectivité territoriale en matière d’aménagement, NDLR] a été travaillée. Elle mentionne la création de 650 logements en intensification urbaine. En contrepartie, il y aura un nouvel équipement public sur le secteur, qui peut être une école ou autre », souligne Annette Laigneau.
Il faut, en effet, passer à côté du parc Job et longer le fleuve vers le nord pour observer le terrain concerné depuis la digue. Ici, la nature a pris ses droits autour de quelques bâtiments industriels tagués. « C’est un terrain végétalisé, avec des lisières, qui a grandi. Il faudrait catégoriser ces éléments pour savoir ce que l’on garde ou non, réaliser des études préalables pour voir quelle trame on garde. Il y a des arbres qui sont suffisamment grands pour être conservés », insiste Anne Péré.

Densifier en bord de Garonne : le comité alerte
Autre point sur lequel le comité de quartier se montre particulièrement attentif : le risque d’inondation. « Job 2 » est en bord de Garonne, protégé par la digue. La carte de la prévention des inondations de l’agglomération toulousaine place Job 2 en aléa conséquent à fort selon les zones. Le niveau d’aléa est déterminé selon la hauteur d’eau possible au maximum de la crue et la vitesse d’écoulement de l’eau (son effet torrentiel).
Que se passerait-il si la digue venait à céder ? « C’est une question à soulever. Le risque est minimisé, mais il peut arriver avec le changement climatique. On reste vigilant », souligne Philippe Lalande.
Dans un avis laissé lors de la consultation pour le nouveau PLUi-H [le Plan Local d’Urbanisme intercommunal tenant lieu de Programme Local de l’Habitat attendu pour fin 2025, NDLR] », le comité de quartier alerte sur les dangers d’une densification de l’habitat sur de telles zones.

« Garder un équilibre avec Job 1 »
Si les premiers immeubles sont encore loin de sortir de terre à Job 2 – puisqu’il faudra d’abord attendre la validation du nouveau PLUi-H – les habitants ont déjà bien réfléchi à ce qu’ils souhaiteraient.
En premier lieu, une continuité avec le quartier Job existant, aussi bien au niveau de la hauteur des immeubles que des liaisons pour conserver un équilibre. « Pour Job 1, on ne voulait pas de résidences fermées, mais au contraire que l’on puisse circuler », prend en exemple Anne Péré.
À l’image du parc Job qui abrite une maison de quartier, une crèche, mais aussi une ludothèque, les habitants souhaitent que ce programme immobilier s’accompagne de « nouveaux services, de nouveaux équipements pour une mixité d’usages et de fonctions : des lieux de coworking, pourquoi pas. Il nous manque un gymnase », proposent-ils.

Mobilités et espaces verts
Et cela ne s’arrête pas là. Le comité de quartier a aussi des idées en matière de mobilités pour relier le quartier Job à la future station de métro située à moins d’un kilomètre de là. Il voudrait notamment aménager le passage André Chaubet à côté de l’école des Sept Deniers pour qu’il devienne une liaison vers le métro et « une promenade urbaine ».

Il porte aussi attention à la préservation des espaces verts, à l’image du parc des Sept Deniers qui, lui aussi, sera demain à deux pas de la station. Aujourd’hui, il est déjà exploité en partie comme parking les soirs de match à Ernest-Wallon.

Des études en cours
Secteurs à urbaniser, axes de mobilité piétons-vélos, aménagement de l’espace public, implantation de nouveaux commerces et services… C’est tout un travail qui est encore à effectuer. « Les études sont en cours pour créer un projet urbain de qualité« , indique Annette Laigneau.
Une fois le Plan Guide terminé, il sera mis à la concertation avec la population et « intégré dans une modification ou une révision du document d’urbanisme pour définir les règles adaptées au projet ».
En somme, tout ceci se fera encore « à long terme, ce ne sera pas un chamboulement à 100% », avait rassuré Olivier Arsac, maire de quartier, il y a un an.