De simples parties de beer-pong entre colocs à Toulouse, à champions de France et une qualification pour les mondiaux à Las Vegas, Adrien et Séraphin ont transformé leur passion en véritable projet sportif. En passant par la création d’une association et des entraînements rigoureux, les deux amis défendent une vision plus technique et inclusive de ce « jeu de bar ».
D’une coloc à une équipe
Entre Adrien et Séraphin, tout a commencé autour d’une table… de beer-pong. « Il y a trois ans, je suis arrivé de Reims avec ma femme. En attendant de trouver une situation stable, on s’est installés chez Séraphin. Ça a duré sept mois. Pour rigoler, on jouait au beer-pong… et puis c’est devenu sérieux », raconte Adrien.
Petit à petit, le duo structure sa passion. En 2022, ils fondent une véritable ligue toulousaine de beer-pong, une association qui organise des tournois mensuels dans huit bars partenaires. « Les meilleurs de chaque établissement s’affrontaient ensuite, et on envoyait les vainqueurs au championnat de France », ajoute Séraphin.
De la rigolade à la rigueur
Aujourd’hui, quatre bars soutiennent toujours l’association : le Danu, le George and Dragon, le Levrette Café et le Wanted Jackson. Mais les deux amis ne se contentent plus d’organiser, ils concourent aussi sous le nom de Nando, un clin d’œil à leur ancien chat de coloc.
« Après avoir remporté tous les tournois toulousains, on est partis défendre notre place aux championnats de France, en mai 2025 », précise Séraphin. Déjà qualifiés l’année précédente, ils avaient terminé 32ᵉ. Cette fois, ils visaient mieux… et ont fini champions.
Une préparation de pros
Pour maximiser leurs chances, Adrien et Séraphin ont pris leur préparation très au sérieux. « On faisait des entraînements plusieurs fois par mois. La dernière semaine avant la compète, on est montés jusqu’à cinq sessions », détaille Adrien.
À Paris, les 250 équipes engagées se sont affrontées pendant trois jours. « Il y avait d’abord des pools, puis des matchs à élimination directe. Dès les huitièmes de finale, on a tout gagné 2-0. C’était fou, et nos amis sur place nous ont poussés jusqu’au bout », raconte Séraphin, encore ému.

Changer l’image du beer-pong
Loin des clichés du jeu d’alcool en soirée, les deux trentenaires veulent redorer le blason du beer-pong. « On joue sur du matériel réglementaire : tables officielles, gobelets normés, balles homologuées. Et surtout, pas de bière dans les verres, juste de l’eau », insistent-ils.
« C’est un vrai sport. Il faut de l’adresse, du mental, de la coordination. Et surtout, c’est ouvert à tous les âges », affirment-ils avec conviction.
Cap sur Las Vegas
Leur victoire à Paris leur ouvre désormais les portes des championnats du monde, en 2026, à Las Vegas. Et une subvention de 2000 € leur a été accordée pour préparer l’événement.
Mais il en faudra plus. « On va lancer une cagnotte et chercher des sponsors. On veut représenter la France du mieux possible », concluent Adrien et Séraphin, toujours aussi passionnés. Le beer-pong reste un sport assez peu répandu qui ne permet pas d’en vivre.