» La rapide, la douce, la sûre Caravelle « . En visite dans les usines de Sud-Aviation le 14 février 1959, le général de Gaulle avoue son admiration pour la Caravelle. En adoptant l’appareil pour ses déplacements aussi bien dans l’hexagone qu’à l’étranger, le chef de l’Etat en fait l’emblème du renouveau de l’industrie aéronautique française.
Un projet imaginé par l’ancêtre d’Airbus
Le couronnement d’un projet né huit ans plus tôt sous l’égide du Secrétariat général à l’Aviation civile et Commerciale (SGACC). Le gouvernement lance alors un concours pour le lancement d’un moyen-courrier propulsé par des réacteurs, capable de franchir 1 500 à 2 000 kilomètres à une vitesse-croisière de 800 km/h. Le projet SE210 imaginé par le bureau de la Société nationale des constructions aéronautiques du Sud-Est (SNCASE qui deviendra Sud-Aviation en 1957 puis Aérospatiale en 1978, EADS en 2000 et Airbus Group aujourd’hui) est retenu grâce à une innovation majeure : les réacteurs situés à l’arrière du fuselage. En janvier 1953, Georges Héreil, le président de la SNCASE, rebaptise le SE210 » Caravelle » en référence au célèbre navire à voiles à hauts bords de Christophe Colomb.
Le biréacteur le plus fiable du monde
L’ambition est de faire de cet avion de ligne biréacteur le plus sûr et le plus bel objet du ciel. Elégant et souple, on lui adjoint des servocommandes à restitution d’effort, la force physique n’étant plus nécessaire en cas de rupture d’une commande de vol, comme auparavant. Les usines de Marignane, de Nantes-Bouguenais, Saint-Nazaire, Rochefort ou encore celles de la région parisienne -Courbevoie et Suresnes- participent à la construction de l’avion (pointes avant du fuselage, fabrication et assemblage de la voilure, volets de courbure de l’aile et des becs de bord d’attaque, fabrication des aménagements commerciaux). Et des partenaires extérieurs comme Fiat et Rolls-Royce fournissent empennages, ailerons et réacteurs. Le 27 mai 1955, un premier vol d’essai en circuit fermé, est effectué par Pierre Nadot, le chef pilote de la NCASE, assisté d’André Moynet, son copilote et de Roger Béteille, ingénieur navigant d’essai et futur directeur général d’Airbus Industries.
La Caravelle, le » jet » des vedettes
Après quatre ans d’essais et de démonstrations, un certificat de navigabilité de type est enfin délivré pour l’exploitation commerciale civile. La même année, la Caravelle est le premier avion à réaction pure à obtenir le Type Certificate, le certificat de navigabilité des autorités américaines. Jusqu’en 1973, 280 avions et 9 types d’appareils seront livrés à 35 compagnies aériennes. Fleuron de l’industrie aéronautique nationale et emblème des » trente glorieuses « , la Caravelle devient dans les années 60 et 70, le » jet » des vedettes. Parmi les nombreuses campagnes publicitaires, celle de Sacha Distel qui vante les qualités acoustiques de la Caravelle d’Air France, en enregistrant Nuages de Django Reinhardt à 10 500 mètres d’altitude.
Mathieu Arnal